Belgique

Fat Friendly : un nouvel outil pour aider "les personnes grosses à récupérer leur place dans la société"

Yasmine Ait Abbou est une militante contre la grossophobie et membre de Fat Friendly

© RTBF

Fat Friendly est le nom d’un nouvel outil qui a vu le jour fin de la semaine dernière. Il a été mis au point par une association bruxelloise dont les membres luttent contre la grossophobie et militent pour la défense des droits des personnes grosses depuis près de 2 ans.

Un outil participatif

Capture d'écran de l'outil Fat Friendly

Concrètement, il s’agit d’une cartographie qui recense des lieux, en Belgique ou ailleurs, et leur accessibilité pour les personnes grosses. Il ne s’agit pas uniquement de bars et de restaurants, mais tous les lieux comme des piscines, des salles de gym, des salles d’attente de médecin, des salons de beauté, des salles de cinéma, des salles de théâtre, etc.

S’il n’y a qu’une cinquantaine de lieux recensés actuellement, l’outil se veut participatif. Les personnes inscrites peuvent en ajouter d’autres et écrire leurs commentaires sur l’accessibilité.

Un outil réservé aux tailles 44 et plus

Seule condition : avoir une taille de 44 ou plus.

Pour Yasmine Ait Abbou, militante contre la grossophobie et membre de Fat Friendly, il est primordial que les commentaires viennent des personnes concernées "parce qu’une personne mince peut trouver un lieu confortable sans qu’une personne grosse puisse, même, y entrer".

Autrement dit, entre personnes grosses (et ne dites pas obèse, rond ou volumineux), on se comprend mieux. Et cela va même jusqu’à notifier la taille des participants pour coller au mieux aux réalités de chacun.

Le plus souvent, on s’enfonce dans le siège et on souffre en silence

Pour elle qui taille 56, certains endroits comme des restaurants sont inaccessibles simplement parce que les tables y sont trop proches les unes des autres ou parce que les chaises y sont "branlantes". Cette militante évoque également "des terrasses avec des chaises en plastique qui tremblent quand je m’assieds dessus ou des salons de coiffure où je ne rentre tout simplement pas dans le siège".

Autres exemples très parlants, selon elle, les cinémas ou les théâtres : "Ce sont des lieux réputés pour être hyperconfortables et où on peut passer 2 heures ou 3 heures assises. Or pour beaucoup de personnes grosses, les sièges ne sont pas du tout confortables parce qu’ils sont trop étroits. Parfois on y rentre à peine, voire pas du tout. Et vu que c’est une expérience hypersociale, c’est dur pour nous de pouvoir dire quelque chose sur le moment. Donc, le plus souvent, on s’enfonce dans le siège et on souffre en silence pendant tout le film ou le spectacle".

 

La grossophobie, une norme ?

Le problème, selon Yasmine Ait Abbou, est que la société actuelle est grossophobe : "c’est quelque chose qui est constant et qui est accepté, validé par notre société. Et quand on est une personne grosse, rien même que d’exister, c’est aller à contre-courant parce que la grossophobie, c’est la norme malheureusement".

Cela se traduit par le fait que rien n’est pensé pour les personnes grosses, selon elle.

Et ce n’est pas sans conséquences : "On ne se sent pas inclus et on a l’impression de ne pas avoir notre place dans la société. Cela nous pousse à nous sentir à part, dans les marges. Et du coup, cela nous donne l’impression que l’on n’a pas le droit d’avoir une vie sociale et que l’on n’a pas le droit de sortir. Que la société ne veut pas de nous tout simplement".

C’est tellement d’anxiété que c’est juste plus simple de rester chez soi

Résultat : "Beaucoup de personnes grosses restent à la maison parce que c’est beaucoup d’anxiété. C’est une charge mentale énorme d’aller dans des lieux publics qu’on ne connaît pas. Souvent on a une liste de trois, quatre, cinq endroits qui sont safe. Et quand on ne peut pas aller dans un de ces lieux-là, c’est deux heures de recherche sur internet pour trouver des photos des assises, des tables, des toilettes ; et voir si c’est utilisable pour nos corps gros. Et parfois, c’est tellement d’anxiété que c’est juste plus simple de rester chez soi et de ne pas sortir."

Mais avec le nouvel outil, Fat Friendly, Yasmine Ait Abbou espère permettre à ces personnes de "récupérer leur place dans la société". Et si pour l’instant, il n’y a qu’une cinquantaine de lieux répertoriés en Belgique, elle espère davantage dans les prochaines semaines. Pour que "cela devienne un outil qui soit utilisé fréquemment par les personnes grosses qui veulent juste sortir et avoir une vie sociale."

Prochainement, cela devrait également être possible pour la France. Pour le reste de l'Europe, tout dépendra du succès de l'outil.

Sur le même sujet : Extrait vews (19/09/2022)

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