"Faites du bruit pour la femme": trois femmes témoignent de comportements sexistes quotidiens

"Faites du bruit pour la femme": trois femmes témoignent de comportements sexistes quotidiens

© JASON CONNOLLY - AFP

Temps de lecture
Par Laura Vandormael

Il n’est pas rare que des manifestations ou des actions avec des femmes soient organisées tous les ans à cette date. Mais ce 8 mars 2019 aura une saveur particulière.

Pour la première fois, les femmes sont invitées à se mettre en grève, dans les rues des grandes villes belges, mais aussi chez elle, au bureau ou ailleurs, car comme le témoignent 3 femmes ci-dessous, les comportements sexistes dont la femme peut être victime ne faiblissent pas.


►►► À lire aussi : "Nous demandons une reconnaissance des tâches ménagères", affirment les organisatrices de la grève des femmes


Elles sont immigrées, chercheuses universitaires, jeunes, âgées, elles occupent des professions typiquement masculines, sont blondes, brunes ou ont les cheveux bouclés… Les femmes, dans toute leur diversité se mobiliseront à l’occasion de cette journée, entièrement dédiée à leurs droits.

  • Lucia: "J’ai été maltraitée car je suis une femme, une immigrée et célibataire"

Au rassemblement de Bruxelles, il y aura Lucia. Âgée de 55 ans, Lucia est d’origine brésilienne. Un statut qui représente, d’après elle, est une justification supplémentaire à sa condition de femme pour être insultée et victime de comportements discriminatoires de la part des hommes.

« Dans les transports en commun, la rue, dans les cafés, je suis victime d’insultes de la part des hommes. Ils se moquent aussi car j’ai un accent. On s’est aussi moqué de moi car je ne parlais pas bien le français à mon arrivée en Belgique alors que je prenais des cours et que je faisais des progrès. »

Ses origines ne sont pas les seuls aspects de sa personnalité qui lui valent d’être traitée de manière différente. Lucia est travailleuse domestique, un travail quotidien qui s’apparente à un enfer depuis plusieurs années.

« Certains de mes patrons se conduisaient comme des princes et se permettaient d’adopter les pires comportements envers moi, car j’étais une femme et une immigrée. Un jour, un de mes employeurs m’a demandé de laisser la porte de la salle de bains ouverte pour qu’il puisse me voir nue sous la douche. Un autre m’a aussi frappé. C’était des violences verbales ou physiques quotidiennes. Depuis, je préfère accepter de travailler pour des femmes divorcées de préférence que des hommes. »

Enfin, elle est aussi victime d’un manque de respect car elle n’est pas mariée. Pour elle, la journée de protestation mise sur pied par le collectif 8 mars est une très bonne idée. « Mais ce n’est qu’un début. La lutte pour plus d’égalité doit se faire tous les jours. »

  • Mathilde: "Du sexisme, du harcèlement, et du viol à l’ULB"

Mathilde, elle, est étudiante en histoire à l’ULB. Le sexisme à l’encontre des femmes est un comportement auquel elle assiste très souvent sur le campus universitaire bruxellois.

« L’ULB est aussi un lieu traversé par des rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes. Dans la vie quotidienne à l’université, les jeunes filles sont confrontées à des blagues, des remarques sexistes et des propos déplacés. Mais, il peut s’agir de comportements encore plus graves, tels que le harcèlement, des attouchements ou des viols, qui se déroulent sur le campus ou lors de soirées étudiantes. Ces agissements viennent de professeurs, de maîtres de stage et des autres étudiants. »

Mathilde n’est pas la seule à être témoin de ces attitudes discriminatoires. « D’autres témoignages font état de harcèlement sexuel et aussi que les femmes se sentent très seules face à ce type de comportement. L’objectif de faire la grève est aussi de leur démontrer qu’elles ne sont pas seules, justement. »

  • Danny: "Je me mobilise pour les générations futures"

Le combat de Danny, c'est celui de l'inégalité de la pension entre les hommes et les femmes. Danny est retraitée et pour elle, être une femme pensionnée, c'est aussi une source de discriminations.

"La femme retraitée a une retraite plus basse que celle de la majorité des hommes, qu'elle ait une carrière complète ou non, mais aussi de ces femmes qui ont dû s'arrêter de travailler, car elles ont eu des enfants ou qui ont été considérées comme aidantes de leur mari. Il y a des femmes qui se retrouvent dans des situations épouvantables."

C'est pourquoi, elle a rejoint le Gang des vieilles en colère, un mouvement militant précisément pour une pension plus équitable pour les femmes âgées, mais pas uniquement. "On se bat aussi pour les futures générations, car elles n'auront plus rien. Tous les acquis sociaux sont reniés, en particulier ceux engrangés par les femmes."

Danny dénonce aussi les comportements sexistes dont les femmes travaillant dans les grandes surfaces sont victimes. "Elles sont souvent engagées à temps partiel ou à trois quart temps. On parle également de ne plus compter les années d'études dans le calcul des pensions. C'est dramatique pour les étudiants!"

Ce 8 février, elles marcheront, danseront, chanteront ou sortiront les instruments de musique. Bref, elles chercheront à se faire entendre afin d'encourager les hommes à les comprendre, à en saisir leur beauté plutôt que les considérer comme le sexe faible. Les femmes ont décidé de ne plus se laisser faire, car pour elles, le temps de changer les mentalités est arrivé... 

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous