Le concept s’appuie sur la notion de Community Land Trust qui dissocie le terrain du bâti, permettant ainsi d’éviter toute spéculation immobilière et de répondre de manière systémique aux enjeux de logements à Bruxelles.
Coline Vandervorst : " Pour éviter la spéculation et préserver l’accès de ces logements à des familles modestes, nous séparons le terrain des briques.
La coopérative reste propriétaire des terrains et contrôle la transmission des locations pour qu’elles soient toujours réservées à des ménages à faibles revenus. Quant aux familles qui voudraient acheter l’appartement, elles le peuvent mais elles s’engagent à ne pas le revendre ensuite avec une plus-value supérieure à 15%. C’est une manière très concrète de lutter contre la spéculation immobilière ".
Une locataire heureuse
Anne-Marie ; enseignante à la retraite a beaucoup galéré avant d’atterrir dans l’appartement flambant neuf qu’elle occupe depuis septembre dernier.
" Quand je suis devenue retraitée, mes revenus ont diminué de moitié. J’avais élevé quatre enfants et je suis séparée de mon mari. Du jour au lendemain, j’ai dû trouver un logement. Mais pour une femme seule aux revenus faibles, c’est le chemin de croix. Je n’ai trouvé que des chambres souvent insalubres au loyer élevé. Dans le dernier logement que j’occupais, je payais 580 euros et pourtant il y avait de l’humidité et je ne parvenais pas à me chauffer convenablement. Et malgré ma situation, je n’étais pas prioritaire pour un logement social.
On m’a parlé de l’association Angela D qui aide les femmes seules à trouver un logement et à retrouver une vie sociale à travers des activités collectives. Et depuis que ma candidature a été acceptée, j’occupe un bel appartement dans un immeuble neuf, petit mais très confortable et qui répond à toutes les normes actuelles. Et je paie 430 euros toutes charges comprises.
C’est inespéré pour moi. Et avec une association locale, elle aussi installée dans l’immeuble je participe à des activités comme le tricot. J’y retrouve mes voisines qui ont été dans les mêmes galères que moi. Et aujourd’hui, nous sommes en sécurité et assurées que nous pourrons rester dans notre logement aussi longtemps que nous le voudrons. "
Un généreux donateur
Il lutte lui aussi à sa manière contre cette spéculation qui pourtant fait sa fortune. Bernard Cassiers hérite des plusieurs immeubles à Anderlecht dans les années 80. Il les retape puis les loue à un prix abordable à des familles aux revenus modestes. Son objectif n’a jamais été de faire de l’argent mais explique-t-il : " Avec le temps ces immeubles ont pris beaucoup de valeur. Et nous n’avons jamais payé assez d’impôts pour compenser cette plus-value. Alors, aujourd’hui que nous sommes tous bien à l’abri du besoin, avec nos enfants, nous avons décidé de faire le don de l’un de ces immeubles à la coopérative Fairground ". L’immeuble comporte 3 appartements et un local à aménager pour accueillir une association. Le tout pour en valeur de 800.000 euros !
Cherche coopérateur
Coline Vandervorst et Thibault Leroy ont le sourire bien sûr. Ce don va leur permettre de créer une partie des dix logements que la coopérative veut mettre à disposition chaque année. Une ambition modeste face à l’énormité des besoins à Bruxelles mais comme dit le proverbe, les petits ruisseaux font les grandes rivières ! Grâce à cet exemple, Fairground espère mobiliser les candidats coopérateurs à venir la rejoindre.
" Tout le monde n’est pas obligé d’aller si loin que M. Cassiers. On peut devenir coopérateur à partir de 25 euros. Et il n’y a pas de limite financière à la participation ! ". Et Thibaut Leroy de conclure : " Nous cherchons des coopérateurs qui veulent s’engager dans une démarche militante avec pour objectif de se réapproprier la ville ! "