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Mahbouba Seraj défend les droits des femmes afghanes depuis des années. Elle est restée à Kaboul. "Que voulez-vous savoir ?", lance-t-elle. "La situation dans le pays ? Nous n’avons pas de gouvernement, pas de banque, pas de système qui nous protège. Il y a un vide de pouvoir et tout peut arriver, y compris le pire. Nous avons besoin que la communauté internationale nous aide à remettre ce pays sur pied. Et maintenant l'Etat islamique est arrivé dans le pays. Il faut s’occuper de cette situation, sinon c’est la guerre qui nous attend. Beaucoup de gens n’ont pas pu quitter l’Afghanistan, dont des femmes en danger absolu. Nous ne savons pas si les talibans vont savoir gérer la situation. Mais comment pourront-ils faire sans nous, si nous ne construisons pas notre Afghanistan ? Ils ne pourront pas le faire sans nous, ça je le sais. En attendant, tout le monde est terrifié, cela se sent dans les rues de Kaboul. Cela se comprend, ils ont commencé à fouetter les gens. On ne peut pas forcer les gens à être obéissants en les fouettant. Je suis restée mais je comprends celles qui sont parties, on ne sait pas comment cela va évoluer. Est-ce qu’ils vont fouetter les femmes qui veulent sortir de leur maison, qui veulent aller à l’école ? Pour l’instant, nous restons chez nous, nous écoutons les informations et nous nous sentons impuissantes. Nous avons peur d’être abandonnées par la communauté internationale. Nous voulons la paix."
Des solidarités féministes
Du côté des solidarités, Reka Safrany, présidente du Lobby européen des femmes, a tenu à rappeler le texte publié par cette association féministe en soutien des femmes afghanes et leur travail pour interpeler les décideurs et décideuses politiques en Europe. "Aucune femme n’est en sécurité tant que toutes ne le sont pas", a-t-elle conclu.
Ces deux dernières semaines, j’ai découvert les femmes du monde
Katharina Miller, quant à elle, est présidente de l’Association européenne des femmes avocates : "Cela fait deux semaines que j’écoute mes sœurs afghanes et je leur dis : ‘Comptez sur nous, utilisez-nous', nous avons des situations plus confortables, nous pouvons le faire. Nous invitons les gouvernements occidentaux à ne pas reconnaître la légitimité des talibans et de protéger les femmes qui se mobilisent contre ce régime. Si les talibans veulent nous convaincre qu’ils ont changé, ils peuvent organiser des élections pour composer un parlement et un gouvernement. Nous demandons que la liberté d’expression et de presse soient respectées, que les femmes puissent continuer à s’instruire. Nous demandons aussi que les frontières restent ouvertes."