Ne plus hospitaliser et renvoyer dans leurs maisons de repos les patients âgés contaminés et très affaiblis par le coronavirus ? C’est le sens d’une directive de la Société Belge de Gérontologie et de Gériatrie, adressée aux docteurs au sein des centres de soins et de services gériatriques des hôpitaux.
La disposition concerne les résidents les plus faibles chez qui il est évident que le Covid-19 sera fatal. "Dans les hôpitaux, nous ne pouvons rien faire de plus pour eux qu’offrir de bons soins palliatifs dont ils peuvent aussi bénéficier dans les résidences de soins. Les transporter à l’hôpital pour qu’ils y meurent serait inhumain", estime la professeure Nele Van Den Noortgate de l’hôpital universitaire de Gand (UZ Gent). Pour les résidents de maisons de repos, qui présentent de la démence et des problèmes physiques qui les affaiblissent au point qu’un décès dans l’année est envisagé, il est demandé de réfléchir avec la famille. "Il s’agit de patients pour qui un traitement peut prolonger la vie, mais qui offre peu de chance de rétablissement", ajoute Mme Van Den Noortgate.
De bons soins, c’est aussi parfois oser se rendre compte que les personnes passent de vie à trépas et de veiller à ce que le processus ne s’étire pas inutilement.
Elle souligne que ces directives sont conformes à ce qui est mis en pratique pour d’autres pathologies. "De bons soins, c’est aussi parfois oser se rendre compte que les personnes passent de vie à trépas et de veiller à ce que le processus ne s’étire pas inutilement". En gardant les résidents sans chance de survie dans les maisons de repos, cela diminue aussi le risque d’infection pour le personnel hospitalier ou ambulancier par exemple, et évite la surcharge des hôpitaux.
Une directive qui fait bondir Benjamin Thorekens, directeur de la maison de repos du CPAS de Mons : "Je ne vois pas pourquoi ces personnes, sous prétexte qu’elles sont en maison de repos, ne devraient pas être hospitalisées si leur état le nécessite ! C’est au corps médical à juger, par exemple, s’il faut faire des choix, dramatiques, comme en Italie, entre soigner des patients plus jeunes en dépit des plus âgés. Je suis fréquemment en contact avec les hôpitaux de la région, ils ne sont pas encore saturés et j’espère que nous n’y arriverons pas."
Mais alors face à cette crise sanitaire, comment s’organisent les maisons de repos et de soins pour contenir l’épidémie ?