Un Belge sur deux est touché par le surpoids ou l'obésité. Pourtant, peut-on parler d'épidémie d'obésité ?
À cette question, la journaliste Hélia Hakimi, autrice du livre "La vérité sur l'obésité", publié aux Éditions Robert Laffont, estime que les effets de cette épidémie seront phénoménaux dans les dix à vingt prochaines années. La journaliste estime que l'obésité est encore mal prise en charge, même si des progrès sont à noter.
- Peut-on parler d'épidémie d'obésité en France et dans le monde ?
On peut parler d'épidémie d'obésité. Un Français [NDLR : 49,3% en Belgique selon les chiffres de Sciensano] sur deux est en surpoids ou en situation d'obésité. À l'échelle continentale, c'est six Européens sur dix, selon le dernier rapport de l'OMS paru en mai.
- L'évolution de l'obésité a-t-elle un lien avec nos changements de consommation ?
Notre mode de vie moderne explique qu'il y a plus d'obésité qui se déclare. Aujourd'hui, on peut presque tout faire sans bouger de son canapé. Et beaucoup le font. Ce mode de vie là s'imprègne dès l'enfance. Les écrans y sont très présents. Il y a 40 ou 50 ans, ces mêmes enfants, on les faisait gambader.
Il y a aussi, et de façon très insidieuse, l'industrie alimentaire. Avant, on avait davantage de temps pour cuisiner. Aujourd'hui, on déjeune sur le pouce, devant la télé, avec des habitudes de snacking. Cela participe grandement à l'épidémie d'obésité. Avant, il y avait le même nombre de personnes qui avaient des gènes pour être obèses. Mais avec le mode de vie de l'époque, cette obésité ne se déclarait pas, ou plus tard.
- Y a-t-il des facteurs génétiques qui déterminent la prise de poids ?
Ce n'est pas possible d'être obèses sans facteurs génétiques. Ce n'est parce qu'une personne mange énormément tout en gardant un mode de vie sédentaire qu'elle va devenir obèse. Sur les vingt dernières années, les scientifiques ont identifié de nombreux gènes liés à l'obésité. Chez les personnes souffrant d'obésité commune, on les retrouve dans 90% des cas.
Ces gènes de susceptibilité, pour qu'ils s'expriment, doivent être associés à environnement obésogène, à savoir la sédentarité, une alimentation trop sucrée ou trop salée, le stress ou le manque de sommeil. Ce sont les facteurs externes autres que la génétique qui révèle les gènes.