Nicole Darmon, directrice de recherche à l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement - France), s'inquiète surtout d'une baisse de consommation des fruits et légumes, essentiels pour une alimentation équilibrée mais qui "deviennent tous chers" (+33,9% en octobre sur un an pour les légumes frais).
L'experte en nutrition explique que cette catégorie d'aliments constitue depuis longtemps le véritable marqueur "du statut socio-économique" des consommateurs (celle qui passe le plus souvent à la trappe chez les moins aisés) "et pas la viande, comme on pourrait penser".
Et cela risque de "s'accroître" avec l'inflation.
"Quand on est soumis à de fortes contraintes budgétaires, on va plutôt s'orienter vers des sources de calories pas chères comme les féculents raffinés (pâtes, riz, pain blanc) et les produits gras et sucrés", affirme-t-elle, au risque de ne pas apporter tous les "nutriments protecteurs" (fibres, vitamines, minéraux d'acides gras essentiels) dont le corps a besoin.
"On sait que la malbouffe est clairement un marqueur de la précarité, même avant les crises sanitaire et économique, mais l'inflation vient aggraver ce problème", alerte aussi Karine Jacquemart, directrice de l'association Foodwatch France. Les personnes précaires consomment déjà "beaucoup trop d'aliments ultra-transformés, qui contiennent souvent moins d'éléments nutritifs et de fibres mais beaucoup trop de sucres cachés", ajoute-t-elle.