Bruxelles

Trouvailles archéologiques: que révélera le chantier du métro "nord" à Bruxelles?

Dans ce couloir de la station Midi, une vitrine avec des moulages d’os de mammouth, des vestiges retrouvés sous la ville lors du chantier de l'extension de la gare du Midi

© RTBF

Par Myriam Baele

Le projet d'extension du métro vers le nord de Bruxelles progresse doucement : dernières démarches avant les demandes de permis, réunions de riverains des sept futures stations... A la Direction des Monuments et Sites de la Région bruxelloise, dans le service archéologie, on s’apprête à suivre de près ce chantier fleuve. Et des trouvailles ne sont pas à exclure, même si le tracé s’éloigne du centre de Bruxelles.

De la préhistoire à la révolution industrielle

Un ouvrage de référence permet de se faire une idée. L'atlas archéologique de Bruxelles compile, sur cartes, les découvertes déjà effectuées, complétées d'informations d'archives.

On y voit au premier coup d'oeil que de futures stations se trouvent en zones prometteuses.

"Sur le tracé, on a des découvertes depuis la préhistoire jusqu’au 19 eme siècle" explique Sylviane Modrie, responsable de la cellule recherche."On passe près de centres urbains anciens, qui sont tous établis autour du 12 ème siècle. En particulier, l’ancien centre autour de l’église Saint-Servais à Schaerbeek ou le quartier de Helmet ou Saint-Vincent à Evere ". 

Ce croquis, inspiré de l'atlas archéologique de Bruxelles, montre que le tracé du métro frôle ou traverse des zones intéressantes.
Ce croquis, inspiré de l'atlas archéologique de Bruxelles, montre que le tracé du métro frôle ou traverse des zones intéressantes. © RTBF

Aux emplacements des futures stations Riga, Tilleul et Paix, il y avait donc déjà des habitants, un noyau urbain au Moyen-âge.

Des tombes plus anciennes, des 2ème et 3ème siècles, ont également été localisées pas loin de la Place Liedts, à Schaerbeek. Et toujours à Schaerbeek (actuelle rue des Coteaux), pas loin du tracé, se dressaient des villas de plaisance à la Renaissance.

Dans l’ensemble de la Région, la trouvaille d’ossements préhistoriques est également possible… comme ce fut le cas il y a 30 ans, Gare du Midi.

Ce sont les chantiers de stations qui pourraient permettre des trouvailles. Entre les stations, les tunnels seront creusés au tunnelier, sans visibilité, et par une profondeur de 30 mètres moins propice aux découvertes.

Le laboratoire archéologique de la direction des monuments et sites de la Région Bruxelloise
Le laboratoire archéologique de la direction des monuments et sites de la Région Bruxelloise © Tous droits réservés

Un archéologue à côté de la pelleteuse

Lorsqu’un projet de construction démarre dans une zone où l’atlas mentionne un intérêt archéologique en Région bruxelloise, une clause est désormais souvent ajoutée au permis. Elle prévoit la présence d’un archéologue lors de la phase de terrassement et l’arrêt temporaire des travaux en cas de découverte.

"On suit la pelle mécanique " commente Sylviane Modrie, "on est à côté d’elle et dès qu’un vestige apparait, on l’arrête, on va voir, on détermine la période à laquelle ces vestiges appartiennent… et surtout la période pendant laquelle on va arrêter le chantier". D’expérience, "entre deux heures et trois jours", évalue l’archéologue.

Une pause forcée à laquelle certaines entreprises de construction n’aiment pas consentir.

Mais les mentalités ont néanmoins changé depuis le chantier de métro précédent, dans les années 60, 70 et 80. La législation aussi.

Sous la Gare du Midi...un mammouth

"Au moment des chantiers du métro, la Belgique était fort en retard, il n’y avait quasiment aucune législation archéologique " se souvient Michel de Waha, alors professeur d’archéologie à l’ULB. " Nous devions nous imposer sur les chantiers, cela faisait chaque fois le fruit de négociations et cela dépendait du bon-vouloir des personnes sur place, plus ou moins ouvertes, plus ou moins informées et curieuses."

Dans la station de métro Midi, sous la gare, une vitrine montre des moulages d’ossements de mammouth. Omoplate, mâchoire, défense, dent…trouvées lors de l’extension de la gare dans les années 80. C’est le personnel du chantier lui-même qui les avait sorties de terre.

Un mur résistant aux canons, pas aux tags

Les engins de chantier ont buté contre un tronçon de muraille fortifiée en creusant le tunnel de métro qui longe la petite ceinture. Il est exposé (et tagué) en station.
Les engins de chantier ont buté contre un tronçon de muraille fortifiée en creusant le tunnel de métro qui longe la petite ceinture. Il est exposé (et tagué) en station. © RTBF

A la même époque, un peu plus loin, l’ULB avait été appelée lorsque les engins de chantier du métro avaient buté sur un tronçon de mur, près de la Porte de Hal. Impossible de poursuivre la percée du tunnel à cause de cette muraille qui entrecoupait le tracé.

Michel de Waha et ses collègues des départements archéologie et géologie s’étaient rendus sur place et avaient identifié…un tronçon de la fortification de Bruxelles, seul vestige connu de cette muraille qui centurait la ville aux 16ème et 17ème siècles.

Les archéologues avaient profité du temps mort laissé par les négociations de chantier (qui va déblayer, qui va payer ?) et de la compréhension de l’équipe d’ingénieurs pour étudier la muraille. Elle sera déplacée et se trouve toujours, visible, à deux pas, dans la station Hôtel des Monnaies.

Si elle a résisté aux canons et aux pelleteuses, elle a subi un assaut de tags rouges et est désormais protégée d’une palissade, rempart pour le rempart.

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