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Expulsion de diplomates russes de Belgique : "Cette décision trouvera une réponse à Moscou", affirme l'ambassadeur russe

Retour au bercail pour des dizaines de diplomates russes : le palais stalinien du ministère des Affaires étrangères à Moscou

© Natalia KOLESNIKOVA / AFP

Par Jean-François Herbecq avec E. Destiné

La Russie est déçue : la Belgique expulse 21 diplomates russes soupçonnés d’espionnage. L’ambassadeur de Russie en Belgique Alexander Tokovinin a dit sa tristesse, sa déception à la RTBF : "On ne peut qu’être déçu de cette décision".

Une décision politique

"On a eu la tradition à Moscou de voir la Belgique plutôt comme un pays raisonnable, pragmatique qui avait essayé avant de régler les problèmes existant entre la Russie et l’Union européenne. Mais ces dernières semaines, cette attitude a changé. La Belgique est devenue partie intégrale de la guerre économique, culturelle et médiatique qui est menée contre le peuple russe, pas seulement contre le gouvernement russe mais aussi contre le peuple russe".

Alexander Tokovinin avec Eric Destiné

Des mots forts: une "décision politique", selon Alexander Tokovinin qui considère que cette décision est basée sur accusations non étayées. "Nous ne pouvons qu’être déçus et tristes parce que c’est un nouveau coup porté à la base même de nos relations bilatérales".

L’ambassadeur de Russie Alexander Tokovinin a dit sa tristesse: "On ne peut qu’être déçu de cette décision".

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21 expulsions

La Belgique a décidé mardi d’expulser 21 personnes travaillant pour l’ambassade et le consulat de Russie, soupçonnées d’être impliquées "dans des opérations d’espionnage et d’influence menaçant la sécurité nationale", annonce la ministre belge des Affaires étrangères, Sophie Wilmès. Pas une sanction donc, une mesure de protection.

Des accusations fausses, infondées, donc selon l’ambassadeur Alexander Tokovinin : "Ce sont de simples employés", y compris un technicien en informatique précise l’ambassadeur pour qui ces personnes ne posent aucun problème de sécurité à la Belgique.

Des décisions similaires ont été annoncées le même jour dans d’autres pays européens : l’Irlande va expulser quatre diplomates russes, et les Pays-Bas ont dans leur viseur 17 accrédités sur leur sol qualifiés d'"officiers de renseignement russes". Belgique et Pays-Bas procèdent à ces expulsions de manière concertée, précise le cabinet de Sophie Wilmès.

Les 21 personnes concernées devront quitter le territoire belge dans un délai de 15 jours. Il s’agit de personnels de l’ambassade de Russie à Bruxelles et du consulat situé à Anvers. Le gouvernement belge n’a pas compétence sur les diplomates accrédités auprès de l’Union européenne (UE) et de l’Otan, institutions qui ont leur siège à Bruxelles.

L'ambassasseur Tokovinin

"C’est sûr que cette décision trouvera une réponse à Moscou", allusion à des mesures de représailles qui risquent de prendre la forme d’expulsion de diplomates belges de Russie. Le gouvernement russe n’a cependant pas encore pris sa décision, mais la règle de la réciprocité serait de mise.

L’ambassadeur Alexander Tokovinin estime que cette décision "politique" endommage encore des relations bilatérales déjà mal en point, ce qu’il regrette. Mais les canaux diplomatiques entre nos deux pays restent ouverts, confirme l’ambassadeur.

Pour Alexander Tokovinin, les pourparlers en cours entre l’Ukraine et la Russie restent encore loin d’un "règlement pacifique de ce conflit". Il y a encore beaucoup de travail pour arriver à un compromis, ajoute-t-il, sans spécifier.

L’ambassadeur réaffirme la volonté du président russe Poutine de rencontrer son homologue ukrainien Zelensky, une fois que serait prêt "un accord de paix qui assurerait des relations paisibles et amicales entre les deux peuples", pour en discuter les derniers points.

Erreur stratégique d’étendre l’Otan jusqu’à la Russie

L’ambassadeur russe justifie le conflit armé en Ukraine : "Ce qui se passe aujourd’hui est la conséquence directe des erreurs stratégiques et tragiques commises dans les années 90 d’élargir l’Otan toujours plus près des frontières russes. La Russie ne pouvait pas accepter que l’Ukraine devienne une plateforme antirusse dans le sens militaire et politique. On a demandé clairement au mois de décembre que la Russie puisse avoir des garanties pour sa sécurité sous une forme d’un statut neutre de l’Ukraine".

"Si le président Zelensky avait accepté ce statut il y a quelques semaines, on aurait pu éviter le pire", conclut l’ambassadeur.

"Si le président Zelensky avait accepté la neutralité, on aurait pu éviter le pire"

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