L’un des membres du personnel que nous avons pu joindre sur place, évoque une situation ingérable et énumère des critiques à la pelle: "Pas de contrôle total des stocks, retard de livraison des produits, location en catastrophe d’une terrasse à prix d’or…".
Aujourd’hui tout serait "enfin" en ordre, mais l’ambiance serait délétère et des actions sont envisagées si la directrice en place reste aux commandes, assure notre interlocuteur qui travaille sur place et désire rester anonyme: " Nous sommes prêts à travailler 50 ou 60 heures sans nous plaindre pour que le pavillon belge de l’exposition soit une réussite, mais il faut que la directrice logistique et commerciale s’occupe de logistique".
Burn-out et conditions de travail anormales
Alors qu’il devait rester à la direction du restaurant du pavillon, Benoît Gersdorff est rentré précipitamment à Namur après ce que certains qualifient de burn-out. Il nous a été impossible de le joindre ce mardi. La direction nous assurait lundi soir que le Chef était souffrant et reviendrait à Milan la semaine prochaine.
Outre les critiques portant sur l’organisation du restaurant et du bar, le personnel évoque des conditions de travail anormales : " Des travailleurs sont arrivés sur place dès le 11 avril, soit un mois avant l’inauguration du 9 mai. Ils ont dû tout avancer sur leurs propre deniers: les frais de transport, les péages, leur nourriture sur place… Nous n’avons reçu un contrat que hier (ndlr : le 11 mai). "
Des Italiens pour préparer le waterzooi
Aujourd’hui l’équipe dit ne plus entretenir de " gros espoirs " pour l’avenir :" On nous a dit que si nous décidions de partir, nous serons remplacés par des Italiens engagés sur place. C’est eux qui vont préparer des carbonnades flamandes et du waterzooi? "
Au total, l’équipe de restauration compte une trentaine de personnes dont l’avis serait unanime sur la nécessité de faire revenir Benoît Gersdorff. Notre interlocuteur assure que le malaise est perceptible dans les autres services. La cause évoquée est toujours la même: deux directrices présentées comme tyranniques, dont la directrice du pavillon.
Un "tissu de mensonges"
En fin de journée, après un long silence de la direction, Marie-Noëlle Higny, la commissaire adjointe du pavillon belge a réagi sous la forme d'un communiqué à Belga. Elle y dénonce les critiques énoncées comme un "tissu de mensonges". "Quelqu'un veut clairement du mal au pavillon", estime-t-elle.
A propos des retards de paiement évoqués, la commissaire adjointe répond "C'est totalement faux. Nous payons et avons payé l'hébergement, la nourriture et le transport de tous les employés depuis leur arrivée le 15 avril" . Selon Marie-Noëlle Higny le personnel a été engagé par Benoît Gersdorff à partir du 15 avril. "Les dispositifs administratifs adéquats n'ont pas été pris pour ces dates-là. Les contrats n'ont en effet été activés qu'à partir du 1er mai mais nous cherchons une solution légale afin de payer les quinze jours restants. Cela prend toutefois du temps car nous devons nous arranger avec le secrétariat social italien".
A propos du burn-out, la commissaire adjointe explique que Benoît Gersdorff, responsable du restaurant, "a effectivement été emmené aux urgences parce qu'il avait fait un malaise un jour avant l'ouverture de l'Expo et que les médecins ont conseillé quelques jours de repos pour cause de surmenage. " Il devrait être de retour dans une semaine a encore spécifié Marie-Noëlle Higny.
Quant aux problèmes liés à l'acheminement de nourriture et de mobilier au pavillon belge, la commissaire adjointe pointe les manquements dans l'organisation italienne de l'Expo: "Nous ne sommes pas les seuls à nous en plaindre. Une réunion du comité de direction de l'Expo, composée de tous les commissaires, dont Léo Delcroix pour le pavillon belge, doit bientôt avoir lieu pour régler ce problème d'approvisionnement".
"Le pavillon belge n'est actuellement victime d'aucun problème structurel. Les complications logistiques évoquées (ndlr: sur les sites de la DH et de la RTBF) doivent être replacées dans le contexte de l'Exposition universelle. Dans le cadre de cette situation, certains employés ont manifesté leur mécontentement au sein du pavillon belge communiquant des informations et des chiffres fantaisistes", a par ailleurs tenu à préciser le commissariat général du gouvernement belge pour l'Expo dans un communiqué. Dans la soirée, des discussions étaient en cours entre le personnel et la direction.
J-Cl Verset