Trouver un kot pour la rentrée de septembre est quasiment devenu mission impossible pour de nombreux étudiants. Il y a une pénurie de logements et les prix s’envolent. Reportage, entre ceux qui galèrent et ceux qui trouvent des alternatives.
Certains loyers inabordables
Corentin a déjà vécu dans trois kots différents. Mais cette année, ses recherches pour la rentrée de septembre sont très compliquées. Il n’y a plus rien de disponible pour son budget.
"C’est, je dirais, limite impossible.", affirme Corentin. "On avoisine les 480 euros minimum… Parfois ça peut monter jusqu’à 900, 1000 euros. Toutes charges comprises, c’est déjà ça en moins. Mais 1000 euros en étant étudiant, ce n’est clairement pas possible, même avec papa et maman derrière, c’est très compliqué."
Des loyers qui ont grimpé en flèche. Résultat, pour parvenir à se loger à un prix abordable, il faut faire d’importantes concessions. Corentin déplore l’état des kots les moins luxueux, mais malgré tout chers : "Ça peut aller du 12 m² à pas plus de 20 m²… Et on voit bien sur les sites, la douche à côté de la plaque de cuisson et le lit dans le salon, quoi !"
L’offre et la demande
Comment expliquer cette forte augmentation ?
Nous sommes dans un immeuble qui comprend plus de 200 logements étudiants. Voici une chambre basique… 17 m². Salle de bain comprise, comptez 585 euros charges incluses. Et il faudra partager la cuisine avec d’autres étudiants. Ces logements s’arrachent comme des petits pains. Les bureaux de conseil en immobilier en font le constat :
"Il y a un déséquilibre entre le nombre de chambres disponibles et le nombre de jeunes qui cherchent une chambre.", commente Céline Janssens, experte chez Stadim. "Et nous prévoyons que ce manque va encore augmenter les prochaines années. Donc, ce jeu de l’offre et de la demande fait aussi augmenter les prix."
D’après les dernières études, il faudrait encore créer 95.000 kots d’ici 2030. Une véritable pénurie. Mais les prix augmentent aussi parce que les attentes des étudiants sont plus élevées. Parties communes de qualité, confort, sécurité… Les propriétaires investissent dans des logements plus coûteux.
Une alternative au succès grandissant
Alors quelles solutions pour ceux qui ont moins de moyens ? Des alternatives existent. Alice a décidé de loger chez un senior. Elle nous fait visiter son nouveau lieu de vie.
"Donc là j’ai mon espace travail avec mon bureau, donc tous mes cours, c’est un peu le bazar ! Là j’ai mon petit coin salon, où je peux me détendre, je peux lire, je peux inviter des copains. Juste là j’ai ma cuisine, et tout ça avec une vue panoramique sur les arbres et les écureuils.", dit-elle visiblement ravie.
Un petit appartement indépendant, rien que pour elle, dans une grande maison. Comptez entre 180 et 350 euros maximum pour ce type de logement. Le tout est géré par une asbl qui crée des liens de solidarité entre les générations.
"Il ne faut pas avoir peur des alternatives," affirme Alice. "C’est vrai que le logement intergénérationnel, je ne m’y attendais pas, je n’avais jamais entendu parler de ça avant. Et donc je l’ai vu sur une page de mon école quand j’ai cherché des kots. Et je me suis dit ‘Pourquoi pas ? Ça a l’air sympa, ils ont l’air souriants sur les photos !’"
"C’est vrai que je suis entièrement libre, je vais au sport, je peux même faire des soirées ici. C’est vrai qu’il n’entend pas trop, donc ça, il m’autorise ! Il est très cool là-dessus.", dit-elle en évoquant son logeur.
Chaque semaine, Alice passe un peu de temps avec lui, Hubert, qui l’accueille. De quoi briser sa solitude : "La bonne action, elle est dans les deux sens, je dirais !", commente Hubert. "A l’époque où l’on ne parle que de solidarité, je crois que c’est vraiment l’occasion unique de croiser les générations, et ça, c’est vraiment un sentiment très agréable."
Alice et Hubert l’ont déjà décidé. Elle logera encore chez lui l’année prochaine. Face aux prix des loyers, des solutions alternatives comme celle-ci remportent de plus en plus de succès.