La formation du nouveau gouvernement espagnol est une première en Europe mais aussi dans le monde. Sur 17 ministres, il y a 11 femmes. La parité est largement dépassée.
Carmen Calvo est ainsi nommée vice-présidente du gouvernement, ministre de la Présidence et de l'Égalité hommes-femmes. Elle est donc, après le chef du gouvernement Sánchez, la personne de plus haut rang protocolaire au Conseil des ministres. Le signal est donné. Un des grands axes de ce gouvernement sera donc l’égalité. Le coup d’accélérateur en faveur de l’Egalité pour l’Espagne est venu de l’immense démonstration de féminisme qui a eu lieu le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes. 5,3 millions de femmes sont descendues dans la rue pour manifester. Un mouvement sans précédent pris au sérieux par le nouveau premier ministre.
La répartition femmes-hommes des portefeuilles ministériels en Europe
Dans le peloton de tête, on trouve la Finlande, la Suède ou la France. Dans les mauvais élèves, on retrouve la Belgique avec quatre femmes sur 18 postes dans l'exécutif fédéral. Pour comprendre, il faut se plonger dans le livre de Mathilde Larrère et Aude Lorriaux " Des intrus en politique. Femmes et minorités : dominations et résistances ". Cela se passe en France mais ça résonne aussi chez nous évidemment. Tout bascule au moment de la Révolution française où les femmes sont exclues du droit de vote, sans réel débat, puis privées du droit d'association. Les termes emblématiques comme " droits de l'homme " – au lieu de " droits humains" – ou " fraternité" sont nés à ce moment là. Finalement on remplace une noblesse par une autre.
Et les arguments naturalistes?
On a dit des femmes alors qu'elles étaient "dominées par la nature ", ce qui les rendait impropres à la sphère politique. Et puis, on a décrété qu'elles étaient trop émotives, trop séductrices, ... On évoquait même leurs règles. Pour, au final, réduire leur fonction au " bonheur du foyer ". Aujourd’hui encore, à la différence des hommes politiques, les attaques qui touchent les femmes sont plus personnelles que sur le fond des dossiers.
Le gouvernement fédéral a rejeté l’idée d’un ministère des droits des femmes
le gouvernement Michel n’a pas arrêté de prendre des mesures sans vraiment tenir compte des inégalités qui touchent les femmes, il les a même aggravées. Mais la contestation gronde chez nous, de plus en plus de femmes se mobilisent pour faire entendre leur voix (économie, politique, culture). La classe politique devrait peut-être surveiller deplus près ce qui se passe en Espagne. Mais il ne suffit pas d’attirer les femmes sur une liste ou dans un exécutif, il faut encore que les politiques menées soient égalitaires. Car pour accéder au pouvoir, les femmes parfois miment le modèle dominant, et donc les codes masculins, les codes vestimentaires parfois. Là aussi, il y a du boulot.