La loi de 1990 dépénalisant l’avortement répond-elle encore à l’évolution de la société ? Pour le groupe d’experts chargé d’évaluer l’IVG – l’interruption volontaire de grossesse – en Belgique, la réponse est non. Ce groupe de 35 experts est constitué de représentants de toutes les universités du pays. Son rapport, qui a été remis aux députés, recommande de revoir la loi dans le sens d’une plus grande place à l’autonomie des femmes. Cela passe notamment par l’extension du droit à pouvoir recourir à l’IVG jusqu’à 18 semaines minimum après la conception, contre 12 semaines actuellement.
"C’est une des évolutions nécessaires dans une société qui assume la prise en charge de ses problèmes de santé chez elle", estime Yvon Englert, gynécologue, ex-recteur de l’ULB et co-président de ce groupe d’experts qui rappelle qu’aujourd’hui des centaines de femmes se rendent à l’étranger pour procéder à l’IVG au-delà du délai de 12 semaines, essentiellement aux Pays-Bas. "Il y a évidemment une très forte inégalité sociale en fonction des moyens économiques, culturels, de la maîtrise de la langue et de la possibilité de déplacement", pointe le médecin qui précise qu'il s'agit d'une "recommandation à l’unanimité de l’ensemble des membres du groupe de travail."
Face aux critiques concernant la non-prise en compte de l’évolution du fœtus, Yvon Englert renvoie aux expériences qui ont déjà lieu à l’étranger. "Nous avons très extensivement repris toute la littérature sur l’évolution du fœtus et sur la perception de la douleur qui – selon les données actuelles de la science – se situe au-delà de 22 à 26 semaines. Bien sûr le conflit éthique fondamental reste. Mais je crois que l’expérience qu'on voit de l’étranger, que ce soit la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas qui ont depuis des décennies la possibilité d’accès à l'IVG même au-delà de 18 semaines, montre que c’est une évolution qui ne met pas en danger l’équilibre éthique de notre société."