Dans son communiqué, publié ce jeudi, l'EFSA déclare "insuffisante" l’étude du chercheur français Gilles-Eric Séralini sur la toxicité du maïs transgénique NK603 et lui demande de fournir davantage d'informations sous peine de la rejeter. Ce que l'auteur de l'étude refuse pour l'instant accusant l'EFSA d'être sous l'influence des lobbys de l’industrie agroalimentaire. Et il n'est pas le seul à l'affirmer.
Marc Tarabella, par exemple, eurodéputé PS, estime que "ce nouvel épisode n'a finalement fait qu'épaissir les doutes vis à vis des OGM mais aussi vis à vis du monde scientifique. Je plaide, plus que jamais pour que des études sur les OGM soient conçues et réalisées par des organes européens totalement indépendants afin que l'on sache si 500 millions de consommateurs européens se font empoisonner au quotidien ou si toutes ces polémiques ne sont que du vent !".
Parmi les arguments avancés par ces personnes pour prouver ce manque d'objectivité, la nomination au sein de l'EFSA d'anciens membres des lobbys agroalimentaires dont l'ex présidente, qui a depuis démissionné.
Marc Tarabella affirme également pour sa part qu'"entre 1998 et 2010, sur les 125 autorisations d'importation déposées à la Commission européenne, hormis six dossiers retirés par les industriels eux-mêmes, on ne comptait absolument aucun refus".
L'EFSA se défend de ne pas être indépendant
Contacté à son siège à Parme, l'EFSA récuse toutes ces accusations et affirme que toutes les mesures de précaution sont prises pour que les scientifiques (des scientifiques venus de toute l'Europe et formant un panel d'experts) qui travaillent en son sein puissent le faire en toute objectivité.
Quant à la polémique sur l'ancienne présidente du conseil d’administration, Ian Palombi du service presse répond : "La présidente du conseil d'administration est nommée par le Conseil européen et par le parlement, pas par l'EFSA". D'ailleurs, il affirme que quand la présidente a informé l’EFSA de sa décision de prendre des responsabilités au sein de l'Ilsi, une organisation considérée comme pro-OGM, "à la demande de l’EFSA, elle a démissionné du conseil d’administration de l’EFSA".
Pour le reste, "nous existons depuis 2002 et notre rôle n'est pas de prouver quelque chose mais de donner des conseils scientifiques", justifie-t-il. Des conseils qui se font sur base d'études réalisées à travers le monde. "Ce n'est pas notre rôle de faire des études de laboratoire". Et de préciser : "C’est notre règlement fondateur du Parlement européen et du Conseil de 2002 qui a conçu l’EFSA comme ça".
En d'autres termes, dire qu'aucun dossier n'a été refusé par l'EFSA est faux car ce l’EFSA n’as pas un rôle législatif ou de réglementation, ce ci est la tache de la Commission européenne et des Etats-membres.
"Avant de tirer des conclusions alarmistes, il faut regarder ce qui a été dit"
Même discours du côté de la Commission européenne. Frédéric Vincent, l'un de ses porte-parole, invité du JT de 13h sur la RTBF (voir vidéo, ci-jointe), a lui-même insisté sur le caractère indépendant de l'Agence européenne : "Avant de travailler dans un panel scientifique à l'EFSA, on passe par un espèce de screening".
"Ce n'est pas seulement l'EFSA qui lui (à l'auteur de l'étude, ndlr) demande des précisions, c'est aussi l'agence allemande, le ministère néerlandais de la santé et c'est aussi des scientifiques en Belgique", a-t-il expliqué ajoutant : "Nous, nous nous posons des questions et nous demandons au professeur Séralini de coopérer dans un esprit scientifique et de transparence et de fournir à l'agence ce qu'elle demande".
"Avant de tirer des conclusions alarmistes, il faut regarder ce qui a été dit, comment cela s'est passé et après on tirera les conclusions", a-t-il encore précisé.
Gilles-Eric Séralini campe sur ses positions
De son côté, le chercheur français, attaqué de toute part, s'il reconnait les limites de son étude estime qu'il "faut tout de suite interdire les OGM". Il s'explique d'ailleurs dans une vidéo exclusive (voir ci-dessous) d'environ 19 minutes réalisée par le site Reporterre.
Dans cet entretien, ce scientifique estime notamment que ce qui compte c'est la différence notable entre les rats qui ont mangé OGM et ceux qui n'en ont pas mangé. Ce qui prouve indéniablement, selon lui, que ces OGM ne sont pas sans conséquence sur la santé.
C. Biourge