Etienne Michel : pas de rentrée de septembre pour tous les élèves du secondaire "si les normes sanitaires actuelles devaient s’appliquer"

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Le Segec, le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique, estime que l’impact financier net de la crise du coronavirus s’élève à 39 millions d’euros pour l’ensemble des établissements scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles.


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Etienne Michel, le directeur général du Segec, était l’invité de la matinale de La première ce mardi. Il est revenu sur la trace que laissera cette crise du Covid dans les budgets des écoles. Il demande l’aide de "l’autorité publique" pour soutenir les pouvoirs organisateurs et estime que la question de la viabilité de certains internats est réellement posée.

Le directeur général du Segec a aussi évoqué la rentrée de septembre et la mise en place de mesures pour accompagner ceux qui sont en décrochage scolaire depuis trois mois en raison de la fracture numérique.

Selon lui, la rentrée de septembre pourrait se dérouler a priori normalement pour les élèves de primaires mais les conditions sanitaires actuelles ne permettent pas un retour normal des élèves du secondaire dans les écoles. Pour le secondaire le Segec espère un assouplissement des mesures sanitaires et estime qu’à l’heure actuelle, tous les élèves devraient retourner à l’école "au moins deux jours par semaine".

39 millions d’euros de trou dans les écoles

"La crise du coronavirus a un impact sérieux sur les écoles", estime Etienne Michel qui a détaillé comment le Segec avait calculé ce montant de 39 millions d’euros.

Il y a les coûts des voyages scolaires qui ont été annulés. Il y a environ 9 millions d’euros qui sont immobilisés dans des bons à valoir, "mais il y a environ 1,8 million qui sera à charge des pouvoirs organisateurs".

La deuxième source de coûts ce sont les garderies qui ont été organisées, "mais avec un nombre beaucoup moins important d’enfants", et donc des rentrées d’argent supplémentaires pour les écoles "de l’ordre d’1,3 millions d’euros".

Troisième source de coûts : les dépenses liées aux exigences sanitaires comme la pose de plexiglas, l’achat de gels et de savons, les marquages au sol, les nettoyages supplémentaires des locaux : "On estime ça à 5,5 millions d’euros pour les écoles catholiques".

Enfin il y a l’annulation des fêtes d’école, "une source de recettes significative, surtout dans l’enseignement fondamental" qui est "estimée à environ 8,3 millions".

Si on doit continuer des opérations de nettoyage exceptionnelles comme cette année-ci, ça va être extrêmement difficile à assumer

Cela fait un total de 15 millions d’euros de trou pour le réseau libre. Un chiffre qui a été extrapolé à l’ensemble des écoles pour arriver à la somme de 39 millions d’euros. Ce montant a été calculé en déduisant les frais économisés par les écoles avec le chômage temporaire qui a été utilisé dans les écoles, notamment pour les ouvriers, afin d’éviter des licenciements.

Ce qui inquiète Etienne Michel c’est "la situation financière structurelle des pouvoirs organisateurs à l’entame de l’année scolaire prochaine. Si on doit continuer des opérations de nettoyage exceptionnelles comme cette année-ci, ça va être extrêmement difficile à assumer".

Une série d’internats en grande difficulté

Le SeGEC adresse dès lors deux demandes aux autorités politiques. D’une part, l’octroi d’une subvention de fonctionnement exceptionnelle aux établissements d’un montant par élève de 40 euros pour le fondamental, 24 euros pour le secondaire, 4 euros pour la promotion sociale, et une solution spécifique pour les internats et les CPMS.

L’enseignement fondamental serait amputé de 8,4% de ses moyens et les internats de 16,7%. Avec quel impact pour les élèves ? "Les enfants n’en subissent pas les conséquences aujourd’hui. Mais demain, à la rentrée scolaire, ça va être extrêmement difficile. Mais du côté des internats, là on a un problème tout à fait spécifique qui est un problème de viabilité d’une série d’internats qui est manifestement posée au travers de cette opération".

Et donc, le Segec fait appel à la Fédération Wallonie Bruxelles pour débloquer des fonds pour l’enseignement et des discussions sont en cours avec les pouvoirs publics pour tenter de trouver des solutions : "On attend une intervention de l’autorité publique", insiste le directeur général Etienne Michel.

Des conseils de classe et des redoublements contestés dans l’enseignement officiel, et dans le libre ?

La Fapeo, la fédération des parents de l’enseignement officiel a lancé, avec d’autres organisations, un appel à la ministre de l’enseignement pour geler tout redoublement cette année. Plusieurs dizaines d’élèves ou parents d’élèves mécontents les auraient déjà contactées pour se plaindre suite à des conseils de classe qui ont décidé de faire redoubler des élèves alors que des consignes ont été données pour que ces redoublements soient "exceptionnels".


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Qu’en est-il dans l’enseignement libre ? Le directeur du Segec estime ne pas avoir de retours dans ce sens pour le moment. Il indique même : "On va avoir plutôt moins de recours que les autres années" en raison de la directive.

Il rappelle également la procédure : "Le système pour les recours, c’est d’abord en interne au niveau de l’établissement" avant d’ensuite se tourner vers une procédure de recours externe.

Comment va se passer la rentrée de septembre ?

Alors que certains élèves n’ont plus été à l’école depuis le mois de mars, comment se profile la rentrée de septembre pour ces élèves qui ne sont pas encore rentrés en classe ?

Une réunion est prévue aujourd’hui avec la ministre de l’Enseignement pour discuter des modalités pratiques de cette rentrée. Mais "pour l’enseignement fondamental, on pense voir assez clair sauf en cas de rebond de l’épidémie, mais dans le fondamental tous les enfants devraient revenir à temps plein à l’école avec une obligation scolaire", estime Etienne Michel.

"Par contre pour le secondaire nous sommes dans l’incertitude. Si les normes sanitaires actuelles devaient s’appliquer pour la rentrée de septembre, nous ne serions pas en situation de pouvoir accueillir l’ensemble des élèves à temps plein dans le secondaire".

Potentielle seconde vague et fracture numérique

Il estime que les discussions et les efforts se poursuivent également afin de lutter contre la fracture numérique et permettre à chaque élève d’assister à des éventuels cours à distance dès la rentrée de septembre.

"Il y a déjà beaucoup de travail qui a été réalisé. Il y a notamment aussi une série de formations qu’on organise à l’attention des enseignants pendant les vacances scolaires, mais tout n’est pas réglé comme ça."

S’il fallait envisager à la rentrée un enseignement hybride avec des cours à distance, des questions d’équipement se posent. Des groupes de travail planchent sur ces questions afin d’éviter que certains élèves continuent à être impactés par la fracture numérique.

Les élèves du secondaire "au moins deux jours par semaine" à l’école à la rentrée de septembre

Le travail sur cet enseignement dit "hybride" est aussi mené afin de se préparer à une éventuelle deuxième vague. Pour le fondamental, cet enseignement en partie à distance ne devrait être mis en place "qu’en cas de rebond de l’épidémie", indique Etienne Michel.

Pour le secondaire le Segec espère un assouplissement des mesures sanitaires et estime qu’à l’heure actuelle, devraient pouvoir retourner à l’école en septembre "au moins deux jours par semaine".

Etienne Michel attend un signal et un message clair sur le maintien ou non de certaines mesures sanitaires afin que la situation puisse être clarifiée rapidement en vue de la rentrée des élèves du secondaire en septembre.

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