Belgique

Eté 2023 : Ryanair ne rouvrira pas sa base de Brussels Airport et desservira Bruxelles via d'autres aéroports

© Belga - James Arthur Gekiere

La compagnie aérienne Ryanair a décidé de garder fermée sa base de Brussels Airport. L’information a été confirmée à l’agence Belga par Hans Elsen, responsable syndical ACV Puls. 59 emplois sont menacés. Un conseil d’entreprise extraordinaire s’est tenu, ce mercredi matin, au cours duquel la décision a été annoncée aux syndicats.

Ryanair confirme et s’explique dans un communiqué

Dans un communiqué publié sur son site internet, la compagnie aérienne Ryanair confirme qu’elle ne réouvrira pas sa base de Bruxelles pour l'été 2023.  L'été dernier, Ryanair avait deux avions basés à Bruxelles et desservait 16 destinations. Ryanair avait déjà décidé de fermer temporairement sa base bruxelloise pour la saison hivernale actuelle (voir ci-après). 

La compagnie explique sa décision par le fait que l’aéroport de Zaventem a décidé d’augmenter ses tarifs de 11% à partir d’avril 2023, "contrairement à beaucoup d’autres aéroports de l’Union européenne qui baissent les prix pour récupérer le trafic perdu pendant l’épidémie de Covid ou qui gèlent les charges pour stimuler la croissance du nombre de passagers", peut-on lire dans le communiqué. Pour Ryanair, cette décision de Brussels Airport rend cet aéroport "encore moins compétitif que d’autres aéroports belges ou européens".

Ryanair n’aura plus d’avions, et donc de personnel, basés à Bruxelles. Toutefois, la compagnie continuera à effectuer, pour la saison d'été 2023, des liaisons entre Brussels Airport et 12 destinations européennes, avec des avions basés dans d’autres aéroports européens. Ces liaisons sont Barcelone, Majorque, Berlin, Marrakech, Dublin, Pise, Gérone, Porto, Madrid, Rome, Malaga et Valence (Espagne).

L’activité de Ryanair à l’aéroport n’est pas concernée par cette décision, explique la compagnie. A Charleroi, Ryanair prévoit d’opérer 109 "routes" pendant la saison d’été 2023.

Pas une surprise pour les pilotes et les travailleurs de cabine "bruxellois" de Ryanai

Contacté par Belga, Didier Lebbe, permanent CNE pour le secteur aviation, précise que l'annonce de ce mercredi ne constitue pas une surprise pour les 44 travailleurs de cabine et la quinzaine de pilotes concernés. L'ACV PULs/CNE espère que Ryanair appliquera correctement la procédure de licenciement collectif afin d'offrir toutes les alternatives d'embauche envisageables au personnel, par exemple à la base de Charleroi. Une première réunion est programmée la semaine prochaine.

Alors que Ryanair justifie son départ par les tarifs élevés pratiqués par Brussels Airport, le syndicaliste de la CNE pointe au passage "une concurrence étrange entre les aéroports de Charleroi et de Zaventem". "Les tarifs à Charleroi sont aujourd'hui incroyablement bas. Ryanair joue sur ces tarifs bon marché dans des aéroports secondaires pour faire des bénéfices", avance la formation syndicale. "Le fonds de commerce de Ryanair, ce sont les aéroports secondaires qui offrent de meilleurs prix", ajoute Didier Lebbe.

"Un impact limité", selon Brussels Airport

La direction de l'aéroport de Zaventem a réagi par communiqué.  "La décision de Ryanair n'a qu'un impact limité sur le réseau de destinations de Brussels Airport, bien que ses opérations contribuent à l'offre de l'aéroport", réagit Brussels Airport. Ce dernier fait ainsi référence à la situation actuelle, en cette saison d'hiver, où la base bruxelloise de Ryanair est déjà fermée avec quelques destinations supprimées. "On a déjà remarqué cet hiver que cela n'avait pas une énorme incidence", explique Nathalie Pierard, la porte-parole de l'aéroport, "parce que beaucoup de passagers allaient vers d'autres compagnies aériennes qui proposaient les mêmes destinations".   Par ailleurs, cet hiver, "Ryanair assure en moyenne 22 vols (11 rotations) par jour à Brussels Airport, avec des avions et des équipages étrangers". 

Dès lors, pour cet été, explique l'aéroport, Ryanair maintient 12 des 16 destinations dans l'offre d'été à Brussels Airport. "Pour trois des quatre destinations (Milan, Lisbonne, Alicante, ndlr) qu'elle ne proposera plus en été, d'autres compagnies aériennes les proposent et peuvent élargir leur offre et fréquence, compte tenu de la forte demande", précise le communiqué de Brussels Airport. "Quant à la quatrième destination, Amman, d'autres compagnies pourraient, dans le futur, offrir leurs services vers cette destination", ajoute l'aéroport.  "On risque peut-être de perdre certains passagers, mais on le voit comme une opportunité pour d'autres compagnies aériennes d'augmenter leur capacité ou leurs fréquences", estime Nathalie Pierard, porte-parole de Brussels Airport. 

Alors que Ryanair avance la politique tarifaire de Brussels Airport pour justifier sa décision, Brussels Airport répond. "Ces nouveaux tarifs comprennent une augmentation tenant compte de la forte hausse des prix de l'énergie et de l'inflation très élevée, qui a un effet important sur le coût des opérations aéroportuaires", explique l'aéroport. "Les compagnies aériennes ont été consultées à ce sujet et ces tarifs ont été fixés et supervisés par un régulateur indépendant", ajoute l'aéroport qui rappelle aussi que des taxes différentes existent en fonction du bruit et des émissions des avions, "afin d'encourager les avions plus modernes et plus silencieux". 

 

Ryanair avait déjà fermé sa base bruxelloise temporairement cet hiver

Début septembre 2022, Ryanair avait déjà annoncé fermer sa base de Zaventem de manière temporaire du 29 octobre au mois de mars. Les deux avions que la compagnie basait à Bruxelles avaient ainsi été supprimés pour la saison d’hiver. D’autres avions de Ryanair basés ailleurs en Europe ont cependant continué à passer par Brussels Airport.

En septembre dernier, le patron de Ryanair, Michael O’Leary s’en était pris à la hausse des tarifs aéroportuaires pratiquée par Brussels Airport. Selon lui, cela n’encourageait pas la reprise du trafic aérien et rendait d’autres aéroports européens, dont Charleroi, plus compétitifs. Michael O’Leary avait aussi critiqué la taxe fédérale sur les billets d’avion.

A l’époque, Michael O’Leary n’avait pas donné de garanties pour la réouverture de la base bruxelloise de Ryanair. Cela devait dépendre des négociations avec l’aéroport, avait-il expliqué.

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