Ces 28, 29 et 30 juin, ce sera le 32e sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord, plus connue sous le nom d’OTAN.
Une réunion qui n’en reste pas moins exceptionnelle car ces sommets, plutôt que d’être programmés à intervalles réguliers comme pour d’autres organisations internationales, se tiennent souvent à des moments clés de l’évolution de l’Alliance. Pour cette raison, la RTBF, comme un très grand nombre de médias, couvrira l’événement.
D’autant plus que ce sommet n’est que le second à se tenir dans le contexte particulier de la guerre en Ukraine. Celle-ci y occupera l’essentiel des discussions car, vous le savez sans doute, l’OTAN, bien que n’étant pas officiellement partie prenante du conflit, soutient fortement les forces armées de Kiev et condamne sans réserve l’intervention russe. Ajoutons que la Belgique est membre de l’organisation et qu’à ce titre couvrir ce sommet c’est, en partie, commenter les actions de nos propres dirigeants (le Premier ministre Alexander De Croo sera évidemment présent).
Voilà qui, pour plusieurs d’entre vous, soulève dès lors de nombreuses interrogations : est-il possible pour les journalistes issus d’un pays membre de l’OTAN de traiter de manière objective des actions de l’Alliance ? Et par extension, de la situation en Ukraine ? Sommes-nous partiaux dans notre couverture du conflit ? Celle-ci serait-elle différente si notre pays ne faisait pas partie de l’OTAN ?
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"Tant que la guerre d’Ukraine dure, il ne serait peut-être pas inintéressant d’aborder la question de l’information en temps de guerre", nous suggère par courriel Léo. "La Belgique, en tant que membre de l’OTAN, est 'mobilisée', même si ce n’est pas une mobilisation formellement militaire. […] Si un journaliste voulait défendre le point de vue de Poutine contre l’OTAN, en aurait-il la liberté ?", se demande-t-il. Plus amère, Danielle nous a également interpellés : "Et si pour une fois vous nous disiez la vérité sur la guerre en Ukraine sans automatiquement prendre le parti pris de Zelensky et celui des Américains et de l’Otan ?". "Arrêtez de prôner la guerre même si ce sont nos gouverneurs qui en ont envie. Vous avez un devoir de nous informer avec justice, sans parti pris", termine-t-elle.
Petite précision : nous n’allons pas faire ici l’examen détaillé de la couverture du conflit en Ukraine par l’équipe Info de la RTBF. Ce travail a par ailleurs déjà été en partie réalisé par "Inside" dans les premières semaines du conflit. En réalité, nous nous interrogions dès 2018 sur la complexité d’informer sur la Russie. Ici, à l’occasion du Sommet de l’OTAN de Madrid et suite à vos nombreuses interpellations, nous avons voulu cette fois nous concentrer sur l’éventuelle influence que pourrait avoir l’OTAN sur le travail des journalistes en général. Voici quelques éléments d’analyse.
D’abord, il peut être utile de rappeler certains principes de base du métier de journaliste : l'indépendance par rapport aux autorités, le recoupement des sources, la confrontation des points de vue, le reportage de terrain, l'esprit critique et la liberté d'expression dans l'analyse des faits. "Ces principes, on les applique aussi bien sur notre politique intérieure que notre politique extérieure", souligne notre collègue du service International, Daniel Fontaine, qui s'est lui-même rendu sur le terrain en Ukraine, récemment. "Il faut rappeler que ces principes de base n’existent pas en Russie, où il n’existe aucun véritable contre-pouvoir. Tout en assumant que l'objectivité absolue n'existe pas et que l'on a un point de vue, qui est celui d'un média public belge francophone."
Chez nous, pas de censure sur les mots à utiliser, comme en Russie, où le terme "guerre" est banni au risque de poursuites. C’est un exemple.