Pour pousser, les plantes ont besoin des nutriments qu’elles prélèvent dans le sol, principalement l’azote, le phosphore et le potassium. Pour maintenir la quantité de nutriments dans le sol, on répand des engrais après chaque culture. Depuis environ un siècle, les produits employés en agriculture conventionnelle sont des engrais de synthèse, des engrais chimiques fabriqués à partir de ressources fossiles, dans un processus très polluant et énergivore.
Ces nutriments assimilés par les plantes sont ensuite consommés par les humains, puis évacués entre autres par l’urine, lorsque notre corps n’en a plus besoin. Ces nutriments, qui sont en fait des engrais, finissent donc dans l’eau de nos toilettes. Cette eau rejetée à la rivière provoque une énorme pollution, comme si on versait de l’engrais directement dans l’eau, explique Louise Raguet.
Les stations d’épuration permettent bien sûr de purifier l’eau, mais ne peuvent enlever 100% de l’azote. En France, on estime que 40% de l’azote finit quand même dans la rivière. A l’échelle d’un énorme bassin de population comme la région parisienne, cela fait une très grosse quantité d’azote qui finit dans la Seine…
Par ailleurs, le traitement des eaux usées est très énergivore et émet beaucoup de gaz à effet de serre.
Enfin, l’azote intervient beaucoup plus qu’on ne le croit dans la perturbation du cycle naturel et de l’équilibre de la planète. Le dérèglement du cycle de l’azote est en réalité aussi important que celui du carbone. Les milieux naturels et aquatiques en particulier sont sursaturés en azote réactif et en sont totalement déséquilibrés. Certaines algues se développent exagérément et étouffent le milieu aquatique originel. C’est le cas dans la problématique des algues vertes en Bretagne, causée par le lisier animal qui procure un surplus de nutriment. Les poissons meurent par étouffement.