Tant que l’on explique le deuil par la personne, la situation, la chose perdue on reste à la surface des choses. On ne parle pas de soi. On ne dit pas pourquoi la nouvelle situation rencontrée est difficile pour nous. On fait donc toujours le deuil par rapport à soi. Le soi pouvant être vu sous 3 angles :
Tout d’abord une rupture quant à sa propre identité. Par exemple, dans le cas d'une séparation, " Je ne suis plus le mari de... ", ou dans le cas de la perte d'un emploi, " je ne suis plus la collègue de... ".
Deuxièmement, une rupture dans la manière dont j’étais en relation avec les autres.
Et finalement une rupture quant à son rapport à l’avenir, quant aux projets que l'on avait avant ce changement.
Le deuil va donc consister à accepter que :
- la nouvelle situation est différente de celle que l'on vivait avant avant (accepter de quitter ce que l’on est déjà plus, accepter ce que l’on a déjà perdu) ;
- la nouvelle situation va modifier la manière dont on est en relation avec les autres ;
- la nouvelle situation va modifier notre rapport quant à l’avenir (nos projets).
Jean-Michel Longneaux définit le deuil comme un travail psychologique et social par lequel l'homme (ou la femme) meurt à ce qu’il n’est pas (ou plus), pour renaître à ce qu’il est ou ce qu’il est devenu.
Il s’agit donc bien d’un travail c’est-à-dire une démarche active. La passivité à la nouvelle situation rencontrée ne va conduire qu’à de l’accommodation (" on s’habitue ").
Ce travail doit donc se faire sur deux niveaux. Un travail personnel d’acceptation (dimension psychologique) mais qui doit passer par au moins quelqu’un d’autre (dimension sociale). En effet, si l’on n’ose pas parler véritablement du problème à quelqu’un d’autre c’est que le problème n’est pas réglé.
Les deux dimensions de ce travail vont permettre à la personne qui vit cette rupture d’apprivoiser ce qu’il est vraiment ou ce qu’il est devenu. Finalement, aimer ce que l’on est maintenant.
Lors de la rupture à laquelle nous sommes confrontés, la vie antérieure est arrêtée. Au cours du processus de deuil, véritable période de transition, nous faisons des choses anormales. Nous n’acceptons pas la nouvelle situation et nos comportements sont modifiés. L’entourage doit suspendre ses jugements quant à ces comportements qui peuvent être de trois ordres. Il s’agit de :
- la fuite
- la colère et la violence
- la dépression
Souvent, deux personnes vivant la même situation n'auront pas le même comportement. Une personne qui fuit va, par exemple, multiplier les divertissements, va faire de nouvelles activités, ….
La colère et la violence traduisent une souffrance, une incapacité à accepter ce qui se produit. Ne pas l’exprimer engendrera alors une bombe à retardement. Tôt ou tard elle sortira soit sous forme d’une explosion soit sous forme d’une implosion (par ex. : violence contre soi). La violence doit donc être exprimée dans les limites du respect de l’intégrité de tous.
Enfin, la dépression traduit un repli sur soi, une déconnexion de tout.
Ces comportements traduisent donc le refus de ce qui s’est passé mais grâce à l’entourage l’enjeu est d’essayer que la personne puisse verbaliser ce qu’elle n’arrive pas à quitter afin qu’elle puisse se remettre en mouvement.