La biométhanisation est un procédé qui permet de transformer les déchets verts en énergie après fermentation. La dégradation de ces déchets produit un gaz, le méthane, qui est alors brûlé pour produire de l’électricité ou utilisé comme carburant CNG. Walvert est une société thudinienne qui a développé sa première unité de biométhanisation à Thuin en 2019. Forte de cette expérience l’entreprise s’étend à présent. Une unité est en cours de construction à Mettet tandis qu’un permis a été délivré pour la construction d’une troisième unité dans l’entité d’Estinnes, à Rouvroy.
Des unités à taille locale
La philosophie de Walvert est de travailler à un échelon local dans un intérêt collectif, selon le patron de l’entreprise, Jonathan Blondeel : "nous pourrions développer une unité dans chaque village. Pour autant qu’il y ait une dizaine d’agriculteurs prêts à nous rejoindre et nous fournir leurs déchets. Nous travaillons sur des unités de moyenne capacité qui peuvent fournir l’équivalent de la consommation électrique de 1500 à 2500 ménages. Pour cela, nous travaillons avec des agriculteurs qui se situent dans un rayon de 10 kilomètres autour des unités que nous créons. Au-delà, ce n’est pas intéressant pour eux qui doivent consommer du carburant pour nous amener leurs déchets. Des unités plus importantes génèrent également plus de charrois pour les riverains, alors que là on se limite à trois tracteurs par jour". Après ceux de Thuin, Mettet et Estinnes, Walvert a un projet bien avancé à Chièvres et une trentaine d’autres à l’étude.
Ouvrir le financement aux citoyens grâce au crowdfunding avec un intéressement intéressant.
On a vu et on voit encore des particuliers financer eux-mêmes l’installation d’une éolienne, à proximité de chez eux. Evidemment, ce n’est pas pour recevoir l’électricité en direct mais pour percevoir des dividendes sur la production d’électricité verte. Le principe est ici le même explique Jonathan Blondeel : "Nous finançons nos installations avec des fonds propres, des crédits bancaires et l’apport des actionnaires, nos partenaires agriculteurs. Mais dans la mesure où nous nous installons dans des villages, nous souhaitons offrir l’opportunité aux citoyens de participer à la création d’une énergie renouvelable à proximité de chez eux". Pour le projet de Mettet, ce crowdfunding a permis à Walvert de réunir un million d’euros. 400 citoyens y ont participé. Ouvert depuis une quinzaine de jours, le crowdfunding pour l’unité de biométhanisation représente déjà plus de 700.000 euros. Il faut dire que Walvert promet un rendement impressionnant : 8% annuels avec une exonération fiscale les premières années ! C’est bien plus que n’importe quelle banque ! Rappelons toute de même que le crowdfunding, comme n’importe quel investissement, est à risque. À chacun de les mesurer.
Quid des nuisances ?
"C’est l’argument que nous opposent généralement ceux qui sont contre nos projets sans même s’être renseignés", nous dit Jonathan Blondeel. "Comme je l’ai expliqué, ce sont des unités de moyenne capacité. Au niveau charroi, trois ou quatre tracteurs quotidiens et leur remorque suffisent à alimenter l’unité de biométhanisation. Au niveau des odeurs, rien ! Nous organisons d’ailleurs des visites à Thuin pour que les gens se rendent compte. Tout se passe sous un dôme hermétique. Nous sommes également attentifs aux aspects paysagers. Nos cuves sont enterrées. Sur leurs 7 mètres, seuls trois émergent du sol et le site est entouré de verdures. Quant au bruit, il est insignifiant, d’autant que nous ne sommes jamais à proximité d’habitations".
Nous sommes en retard par rapport à nos voisins, en terme de biométhanisation, nous dit encore notre interlocuteur. Mettet sera en service dans quelques mois. Estinnes et Chièvres en 2024. Walvert compte exploiter rapidement une dizaine d’unités de biométhanisation, principalement dans le Hainaut.