Le Nobel d’économie a été attribué lundi à un trio de chercheurs spécialisés dans la lutte contre la pauvreté, dont la Franco-américaine Esther Duflo, deuxième femme distinguée dans la discipline et plus jeune lauréate de l’histoire de ce prix.
Esther Duflo, 46 ans, son mari américain d’origine indienne Abhijit Banerjee et l’Américain Michael Kremer "ont introduit une nouvelle approche (expérimentale) pour obtenir des réponses fiables sur la meilleure façon de réduire la pauvreté dans le monde", a annoncé à Stockholm le secrétaire général de l’Académie royale des sciences, Göran Hansson.
Mesurer l’impact réel de micro-politiques
Esther Duflo s’est fait un nom en conduisant des recherches avec Abhijit Banerjee, 58 ans, qui fut son directeur de thèse, sur des communautés pauvres d’Inde et d’Afrique, pour mesurer l’impact réel de micro-politiques. Leurs méthodes de recherche expérimentale dominent désormais l’économie du développement.
Grâce à eux, "plus de cinq millions d’enfants en Inde ont bénéficié de programmes efficaces de soutien dans les écoles" et "de nombreux pays ont débloqué d’importantes subventions pour la médecine préventive", explique l’académie.
"Malgré de récentes et importantes améliorations", rappelle-t-elle toutefois, "l’un des défis les plus urgents de l’Humanité est la réduction de la pauvreté dans le monde, sous toutes ses formes". Quelque 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté, selon la Banque mondiale.
La plus jeune des lauréats du prix
Esther Duflo, professeure d’économie au Massachusetts Institute of Technology (MIT), est l’une des économistes les plus célébrées dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Récipiendaire en 2010 de la médaille John Bates Clark, elle est seulement la seconde femme à recevoir le prix Nobel d’économie après l’Américaine Elinor Ostrom en 2009.
"Je suis très honorée. Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible de gagner le Nobel aussi jeune", a réagi l’économiste qui devient à 46 ans la plus jeune des lauréats du prix d’économie. Seule femme honorée de l’édition Nobel 2019, ses travaux lui avaient valu en 2013 d’être choisie par la Maison Blanche pour conseiller le président Barack Obama sur les questions de développement, en siégeant au sein du nouveau Comité pour le développement mondial.
"Notre vision de la pauvreté est dominée par les caricatures et les clichés", expliquait-elle à l’AFP dans un entretien en septembre 2017.
Interrogée en anglais lundi sur ce qu’elle fera de la somme de neuf millions de couronnes suédoises (environ 830.000 euros) à partager entre les lauréats, la Franco-américaine a répondu : "A l’âge de 8 ou 9 ans, j’ai lu une biographie de Marie Curie, et quand elle a eu son premier prix Nobel elle a acheté un gramme de radium […] j’imagine que nous allons discuter tous les trois pour savoir ce que sera notre gramme de radium".