Le Sénat espagnol a adopté définitivement mercredi une réforme du Code pénal afin de pouvoir condamner à la prison les militants anti-IVG coupables de "harcèlement" à l'encontre de femmes afin de tenter de les convaincre de ne pas avorter.
Ils pourront être condamnés à des peines de trois mois à un an de prison ou à des travaux d'intérêt général pour avoir "harcelé une femme" en vue de faire "obstacle à l'exercice du droit à l'interruption volontaire de grossesse" via "des actes gênants, offensifs, d'intimidation ou de pression", selon le texte dont le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez est à l'origine.
Le "harcèlement" du personnel soignant sera puni des mêmes peines.
Les femmes harcelées
Selon un rapport de l'Association des cliniques autorisées à pratiquer l'IVG (ACAI) datant de 2018, 89% des femmes voulant avorter en Espagne se sont senties harcelés et 66% menacées.
L'avortement a été dépénalisé en Espagne en 1985 mais pour trois motifs uniquement: viol, "risque grave" pour la femme et malformation foetale.
Ce n'est qu'en 2010 que le pays a légalisé l'IVG sans justification médicale jusqu'à la 14e semaine de grossesse.
Mais avorter reste un droit semé d'embûches dans ce pays à forte tradition catholique où l'objection de conscience des médecins est massive et où les mouvements anti-IVG sont très actifs.
Ces groupes se réunissent fréquemment devant les cliniques pour tenter de convaincre les femmes de ne pas avorter en leur montrant des foetus en plastique ou en les faisant monter dans des véhicules dotés d'un échographe.
Des militants anti-IVG ont manifesté mercredi devant le Sénat pour dénoncer une "criminalisation" de leurs activités.
En janvier, l'Association des propagandistes catholiques (ACdP) avait déployé 260 panneaux publicitaires dans 33 villes, et notamment dans le métro de Madrid, avec le slogan "Prier devant une clinique qui pratique l'avortement, c'est génial".