Les bébés volés aux familles de républicains par le régime seront désormais considérés comme des victimes du franquisme. Durant la répression qui a suivi la Guerre civile, le régime a soustrait des enfants à des familles républicaines accusées de leur transmettre le "gène" du marxisme. À partir des années 1950, le régime a élargi ce vol à des enfants nés hors mariage ou dans des familles pauvres ou nombreuses. Souvent grâce à la complicité de l’Église, des bébés étaient déclarés morts après l’accouchement, sans que l’on fournisse de preuves aux parents, puis adoptés par des couples qui ne parvenaient pas à avoir d’enfants et en général proches du régime franquiste. Après la mort de Franco en 1975, des trafics de bébés ont continué (notamment pour des raisons financières) jusqu’à l’adoption en 1987 d’une loi renforçant le contrôle de l’adoption.
Il n’y a aucune estimation officielle du nombre de bébés volés en Espagne. Les associations de victimes évoquent le chiffre de plusieurs milliers d’enfants qui seraient concernés. Quant à la justice espagnole, elle estimait en 2008 à plus de 30.000 le nombre d’enfants de républicains morts ou faits prisonniers durant la Guerre civile, dont certains ont pu être "volés", et qui ont été placés sous tutelle par l’État franquiste rien qu’entre 1944 et 1954.
Entre 2011 et 2019, 2136 plaintes à ce sujet ont été enregistrées en Espagne, mais aucune n’a abouti, principalement en raison de la prescription des faits.
La nouvelle loi prévoit qu’un parquet dédié aux enquêtes sur les violations des droits humains commises durant la Guerre civile et la dictature sera créé. Jusqu’à présent, une loi d’amnistie datant de 1977 avait empêché toute poursuite au nom de la transition vers la démocratie. Cette législation de 1977 avait été critiquée, elle impliquait une continuité juridique entre la dictature franquiste et la démocratie d’aujourd’hui.