Ceuta et Melilla: dépassée par l'augmentation des arrivées de migrants, l'Espagne refoule (cartes)

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Par Guillaume Guilbert & Bertrand Massart

En juin dernier, l'Espagne est devenue la première porte d'entrée des migrants en Europe, dépassant ainsi l'Italie. Et deux zones d'entrée sont particulièrement prisées par les réfugiés, il s'agit des deux enclaves espagnoles en Afrique : Ceuta et Melilla, au Maroc.

Elles sont les deux seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Union européenne. Le gouvernement espagnol vient d'ailleurs d'admettre que son système de réception avait atteint le point de saturation après le pic des arrivées.

Jeudi dernier, plus de 600 migrants africains sont parvenus à entrer dans Ceuta. Il s'agit de l'incursion la plus importante depuis que 850 migrants avaient réussi à pénétrer dans la ville en 2017.

Les réfugiés ont lancé de la chaux vive et des excréments sur les forces de l'ordre afin de forcer le passage. Cet "assaut" met encore un peu plus de pression sur les autorités espagnoles dont le pays est devenu la première porte d'entrée de l'Europe pour les immigrés clandestins (elle devance l'Italie qui a fermé la route maritime qui passait par la Libye, et la Grèce).

600 migrants franchissent la frontière de Ceuta

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Près de 21.000 migrants arrivés en Espagne en 2018

Si l'immigration clandestine vers l'Europe est en baisse de manière générale, l'Espagne a été particulièrement sollicitée par les réfugiés souhaitant entrer en Europe ces derniers temps. Depuis le début de l'année 2018, un peu moins de 21.000 migrants sont arrivés en Espagne. Le gouvernement espagnol reconnaît que son système d'accueil est dépassé, les services d'hébergement n'étant plus capables de répondre à la forte demande.

Ce samedi, des dizaines de de réfugiés ont été débarqués par des passeurs sur une plage de Cadix, au milieu des touristes. Le détroit de Gibraltar semble donc être le nouveau couloir d'entrée en Europe. Mais ce sont les deux enclaves espagnoles au Maroc, Ceuta et Melilla, qui sont le plus prisées par les migrants.

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L'Espagne en tête depuis le mois de juin 

Si on fait la comparaison entre le nombre d'arrivées de migrants à Ceuta et Melilla en 2018 avec ce nombre pour 2017, on constate une forte augmentation. Par exemple, selon les chiffres du ministère espagnol de l'Intérieur, 2554 migrants sont déjà arrivés à Melilla en 2018 alors que seulement 1830 y sont arrivés sur toute l'année 2017. Au total, pour Ceuta et Melilla, on comptabilise 3125 arrivées de migrants en 2018 (de janvier à juillet), contre 3102 pour toute l'année 2017.

Le mois dernier, l'Espagne est devenue pour la première fois la route migratoire la plus empruntée vers l'Europe. D'après les chiffres de Frontex (Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), le nombre de migrants atteignant l'Espagne a bondi de 166% par rapport à il y a un an à la même période, atteignant 6400 arrivées au mois de juin. L'Espagne est donc passée devant l'Italie qui jusque là était la voie la plus empruntée par les migrants. Seulement 3000 migrants sont arrivés en Europe via l'Italie au mois de juin 2018, soit une baisse de 87% par rapport à juin 2017. Sur le premier semestre de 2018, le nombre total de migrants détectés sur cette route est tombé d'environ 81% par rapport à il y a un an.

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L'Espagne se retranche derrière la loi

Certains des migrants arrivés à Ceuta la semaine dernière ont été directement renvoyés vers le Maroc. Les autorités espagnoles se sont d'ailleurs justifiées via le ministère de l'Intérieur en expliquant qu'elles ne faisaient qu'appliquer la législation existante. Alors que le gouvernement espagnol avait déclaré il y a quelques jours qu'il reconsidérerait le principe du renvoi des migrants, il semble aujourd'hui faire un pas en arrière en déclarant qu'il n'y aurait "pas de changement législatif en dehors des accords européens sur l'immigration".

C'est dans ce contexte que le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska a justifié le renvoi de ces migrants au Maroc en affirmant qu'ils n'avaient pas encore atteint le sol espagnol. D'après des sources du ministère citées par El Pais, le gouvernement travaillerait "à l'élaboration d'une politique européenne commune en matière d'immigration".

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