Au CHU de Liège, le cardiologue Natzi Sakalihasan est un des spécialistes mondiaux de l'anévrisme de l'aorte abdominale :"c'est comme un ballon, ça gonfle. A un moment, il n' y a plus de résistance, le tissu de la paroi de l'aorte devient très fragile et rompt." Chez l'homme, le diamètre normal de l'aorte varie entre 18 et 22 millimètres. Si il dépasse 3 centimètres, un suivi de l'anévrisme est conseillé. Au delà de 5 centimètres et demi, il faut opérer pour éviter la rupture. "On peut opérer de manière classique en ouvrant le ventre ou en plaçant via l'artère fémorale, une prothèse -un petit treillis- pour diminuer la pression de la paroi de l'aorte." A Liège, sur les 301 patients suivis pour un AAA, 185 ont été opérés.
Une intervention chirurgicale nécessaire pour 5 à 6000 Belges porteurs d'AAA
Lors de la première campagne de dépistage opérée à Chaudfontaine en 2014, 1101 personnes sur 3054 ont répondu à l'appel. 40 (3,6%) souffraient d'un AAA. mais ce taux montait à 7,5 % chez les hommes de plus de 75 ans. En extrapolant les données récoltées lors de ses campagnes de dépistage, le professeur Sakalihasan estime qu'entre 65 et 84 ans, il y aurait plus de 33000 Belges porteurs d'anévrismes et que parmi eux, entre 5 et 6000 nécessiteraient une intervention chirurgicale.
Avoir un frère qui souffre d'anévrisme multiplie par 4 le risque d'AAA
Certains facteurs à risques existent. Le tabagisme multiplie par 6 ou 7 le risque d'un AAA. Les liens familiaux aussi avec des personnes qui ont des antécédents d'anévrisme de l'aorte. "Le risque de rupture dans la population normale est de 2,5%. Il est de 8,4% dans le cadre familial. Si vous avez un frère qui a un anévrisme, vous avez un risque quatre fois plus élevé par rapport à la population normale." Autres facteurs: le surpoids, le cholestérol élevé et l'hypertension.
0% de rupture d'anévrisme: un objectif pour 2024
Ces dépistages sont financés par l'Aneurysmal Pathology Foundation, fondée en 2009 notamment par le professeur Sakalihasan. Parmi ses objectifs: dépister l'anévrisme de l'aorte abdominale chez plus de 10 000 personnes en région liégeoise. En 2004, le taux de rupture d'anévrisme pour les patients dépistés étaient de 8,7% au CHU de Liège. Ce taux est tombé à 4,2 en 2014, un taux que la Fondation espère voir tomber à 0% en 2024 grâce à des méthodes de plus plus précises pour évaluer les risques de rupture d'anévrisme. Parmi elles, l'analyse biologique de la texture des tissus des parois de l'aorte en matière d'élasticité et de résistance. Autre méthode employée: l'imagerie médicale PET-CT: grâce à un traceur -du glucose- ce scanner permet de répérer les zones qui risquent le plus de se rompre.