Le surcoût de cette entrée de prestige porte ainsi le droit d’accès à 68 euros pour les adultes et 64 euros pour les enfants. Le quotidien Het Nieuwsblad évoque le principe discutable des “enfants riches d’abord”.
Les clients prêts à débourser 35 euros supplémentaires pour leur ticket d'entrée (tarifs de base: 33 ou 29 euros) ne devront plus faire la file pour les attractions. C'est "un service supplémentaire pour ceux qui veulent plus de confort", commente Walibi. Une alternative à 15 euros supplémentaires permet d'éviter les files d'attente dans quatre attractions au choix.
La porte-parole de Walibi justifie la décision d’instaurer le "Speedy pass" comme une pratique courante dans d’autres secteurs : "C'est le cas lorsque vous achetez un ticket pour le cirque ou le concert, et également lors de la réservation d’une place dans un avion. Les prix sont différents, mais tout le monde participe au spectacle et arrive à destination ".
Selon Caroline Crucifix, cette pratique existe depuis deux ans dans d’autres pays: "Des parcs recourent déjà cette tarification en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne. Nous avions testé ce pass lors des journées Halloween."
Pour Walibi, le produit répond à une demande. Le nombre de pass sera limité, mais leur quantité n’a pas été précisée: "Cela dépendra des jours et de l’affluence et n’affectera en rien le confort des autres visiteurs". Les files ne seront pas modifiées, mais des adaptations seront opérées pour permettre l’accès des VIP par la sortie. "Nous sommes le premier parc de Belgique à proposer ce genre de pass", explique Caroline Crucifix de Walibi, porte-parole du parc. "C'est un petit extra que nous proposons à ceux qui détestent faire la file, à ceux qui veulent davantage de confort, ou à ceux qui veulent faire plus d'attractions sur une journée."
Cette décision est déjà vertement critiquée. "Comment expliquer à un enfant que vous devez faire une file interminable alors que d'autres gamins peuvent passer devant uniquement parce que leurs parents sont plus riches?", demandait la pédagogue Marijke Bisschop lors de l'émission "De ochtend" sur les ondes de Radio 1.
Dans la foulée, le commissaire aux droits de la Jeunesse flamand Bruno Vanobbergen a mis l’accent sur le prix déjà élevé des parcs d’attractions en regrettant que Walibi fasse désormais la différence entre enfants riches et pauvres. "Dans la vie quotidienne nous respectons la règle du "premier arrivé, premier servi", ajoute le philosophe Etienne Vermeersch. "Dans un supermarché, ou chez le médecin, il n’y a pas de préférence à l’égard des plus nantis".
Le pass existe depuis deux ans
Philippe Courard, secrétaire d’Etat aux Familles, se dit pour sa part choqué par la politique tarifaire développée par le parc d’attractions Walibi. "En prenant cette décision, Walibi se profile comme un parc d’attractions pour familles les plus riches et non pour toutes les familles, commente le secrétaire d’Etat. L’appât du gain lui fait en outre oublier tout sens pédagogique de base: comment expliquer à un enfant qu’il doit faire la file alors qu’il en voit d’autres passer devant lui, juste parce que papa et maman ont plus de sous ? "
Philippe Courard demande "de revoir fondamentalement cette politique tarifaire désastreuse".
La direction de Walibi se dit surprise par la sortie du secrétaire d'Etat aux Familles. Caroline Crucifix, la porte-parole du parc, se dit "surprise et triste" par la réaction du secrétaire d'Etat. "Nous proposons déjà ce pass depuis deux ans à la période d'Halloween et on n'a jamais eu de remarques."
La porte-parole de Walibi explique que ce pass ne sert qu'à étoffer l'offre pour ses clients: "C'est un produit que nous avons créé pour répondre à une demande. Il n'y a pas de discrimination, ça existe aussi pour les concerts ou d'autres événements, certains payent plus pour être mieux placés."
Le Speedy Pass n'est pas une nouveauté en Europe, on retrouve le même système à Disneyland Paris depuis plusieurs années. Cependant, un courrier sera adressé à la direction par le cabinet du secrétaire d'Etat lundi après-midi. "Nous sommes ouverts à la discussion, on attend le courrier. Nous n'en restons pas moins surpris par cette réaction", conclut Caroline Crucifix.
Les autres parcs d'attractions ne veulent pas du Speedy Pass
Plopsaland, Bobbejaanland ou encore Bellewaerde ne pensent pas instaurer une carte qui donne un accès prioritaire aux attractions. "Tout le monde est sur un même pied d'égalité chez nous. Les enfants riches ne sont pas avantagés par rapport aux enfants moins favorisés", explique Steve Van den Kerkhof de Plospaland.
"Nous n'avons pas besoin d'un système de passage prioritaire chez nous", déclare Ralond Kleve de Bobbejaanland. "Nous avons un nombre assez élevés d'attractions et il n'y a donc pas de longues files d'attente."
"Même si nous sommes dans le même groupe que Walibi, nous ne comptons pas mettre de Speedy Pass en place", souligne de son côté Kristof Louagie de Bellewaerde.
Jean-Claude Verset avec Belga