A l’inverse, du côté des titulaires d’un titre pédagogique, ils sont moins nombreux à quitter le secteur. Ils sont seulement 7,4% à se réorienter après la première année de noviciat. Au terme des cinq premières années, ils sont 20%.
A noter qu’au sein même des diplômés pédagogiques, des différences existent en fonction du type de cursus. Ainsi, les jeunes agrégés de l’enseignement secondaire supérieur (AESS) et les titulaires d’un master à finalité didactique sont plus nombreux à quitter l’enseignement : 14% au bout d’un an, 31,5% endéans les cinq ans.
Le baptême du feu
L’instabilité à l’entrée du métier explique en grande partie ces abandons. En effet, si la possibilité d’être nommé dans l’enseignement officiel – ou engagé à titre définitif dans le réseau libre – garantit aux enseignants chevronnés une stabilité d’emploi à vie, cela se fait au détriment des nouveaux venus.
"L’entrée en fonction est un véritable problème dans l’enseignement. On entend souvent qu’il s’agit d’une question de baisse de motivation, mais cela tient aussi aux conditions d’emploi et aux inégalités en termes de stabilisation à l’entrée en fonction", reconnaît Marc Zune, professeur à l’Institut d’analyse du changement dans l’histoire et les sociétés contemporaines de l’UCLouvain.
On utilise les jeunes comme variables de flexibilité
"On utilise les jeunes comme variables de flexibilité. Ils vont alors se retrouver sur des emplois précaires à courte durée", commente Sandrine Lothaire.
"C’est le propre d’une série de profession où les premières années doivent être difficiles. Ça marche quand on est dans des professions où cette stabilisation conduit à des emplois qui sont bien rémunérés, de grande qualité avec de l’autonomie professionnelle, etc. Mais ici les conditions de travail se dégradent dans le temps. Les jeunes voient bien que cela reste compliqué et tout cela conduit à une vision pessimiste", ajoute Marc Zune.