Les forêts sont-elles les cimetières de demain ? En Allemagne, enterrer les cendres d’un défunt auprès d’un arbre est entré dans les mœurs depuis 2001. Rien que dans les forêts FriedWald, le leader de ce nouveau marché, 161.000 personnes ont été enterrées ces vingt dernières années et 500.000 autres ont déjà réservé leur arbre pour l’éternité ou presque. Selon un sondage de 2019, près d’un Allemand sur cinq souhaite reposer en paix sous la canopée.
Parmi les arguments qui expliquent ce succès, il y a l’aspect écologique mis en avant par les entreprises qui gèrent ces parcelles boisées. Les cendres des proches sont placées dans une urne biodégradable, avant d’être enterrées. Le côté bucolique est également vanté : "Le chant des oiseaux, le parfum des feuilles, le bruissement des feuilles – FriedWald vous offre un lieu de sépulture où vous vous sentez déjà bien de votre vivant. Certains observateurs ajoutent à cela des raisons pratiques : l’entretien des tombes est plus compliqué et a moins de sens pour des familles qui vivent parfois à des centaines de kilomètres de leurs parents défunts. Un arbre, c’est zéro entretien pour les proches. Les gardes forestiers s’occupent de garder les sites propres et accessibles.
"Il vit encore dans l'arbre"
François Dessambre et Susanne Steiner ont fait le choix de la forêt cinéraire de Sarrebruck pour leur fils Henri, 4 ans, décédé dans un accident de voiture en 2018. "On ne pouvait pas s’imaginer l’enterrer dans un cimetière. Ici, dans la forêt, il est dans la nature, il vit encore dans l’arbre, il est entouré d’autres arbres, des animaux viennent… C’est la vie qui continue". Hormis le lieu de sépulture, les funérailles ressemblent à un enterrement traditionnel "avec une pasteure, des textes lus, des chants", mais la forêt amène une dimension particulière. "Quand on vient voir Henri, il y a d’abord le chemin pour retrouver son arbre. On est tristes, ce sont des émotions difficiles, mais on peut les laisser filer dans la forêt".