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Enseignement supérieur : est-il encore possible de se réorienter ?

© Getty Images

Le mois de février est synonyme de relevés de notes pour les étudiants dans l’enseignement supérieur. Alors que certains sont confortés dans leur choix d’étude grâce aux résultats de la session de janvier, d’autres envisagent de se réorienter ou même d’arrêter leur cursus scolaire. Les raisons à l’origine de cette réorientation sont multiples.

"Les causes de la réorientation sont assez diverses. Celles qu’on remarque, ce sont les étudiants qui se trompent de vocations. Et il y a aussi les réorientations 'forcées', donc les étudiants qui ont raté", met en avant la présidente de la Fédération des étudiant(e) s francophones (FEF), Emila Hoxhaj.

De l’échec à la réussite

C’est le cas de Zoé, 20 ans, actuellement en deuxième bachelier en relations publiques : "J’ai changé quand j’étais en Bac 1 Pharma à l’UNamur parce que c’étaient des études qui ne me plaisaient pas plus que ça et j’avais pas mal de difficulté malgré le fait que je travaillais beaucoup. Je n’étais vraiment pas satisfaite de mes résultats de janvier. J’ai donc décidé de me réorienter vers des études qui me plaisent".

Changer d’études en cours d’année, c’est assez courant en Fédération Wallonie-Bruxelles. Zoé fait partie des milliers de jeunes qui souhaitent ou qui se réorientent chaque année. Pour l’année académique 2019-2020 en Haute Ecole (en jaune), plus de 15% sur les 20.600 étudiants inscrits se sont réorientés, en écoles supérieures des arts (en rouge) cela concerne 11% sur 1449 inscrits et à l’Université (en bleu) 3% des 27.579 étudiants sont impactés.

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Réorientation scolaire : quelles sont mes options ?

Ce sont donc des milliers de jeunes qui se réorientent chaque année, mais quelles sont les conditions pour pouvoir changer d’étude ?

Ce tableau interactif regroupe toutes les informations importantes concernant les réorientations scolaires dans l’enseignement supérieur. (Il vous suffit de cliquer sur la catégorie qui vous intéresse afin de faire apparaître les informations.)

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S’écouter avant tout

En 2018, alors que Jean était en BAC 1 en Communication à l’UCL à Louvain-La-Neuve, il a décidé de se réorienter "j’ai passé tous mes examens et ça s’était bien passé. Mais, je n’aimais pas le système universitaire, ce n’était pas fait pour moi".

Après avoir travaillé comme étudiant, le Dinantais a entrepris des études en instituteur primaire : "Je ne suis resté qu’un seul quadrimestre. À la suite d’un stage d’observation, j’avais compris que je ne voulais pas faire ça de ma vie. J’ai ensuite suivi une formation 'ReBOND' qui permet d’aider les étudiants qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire à trouver leur orientation".

Le jeune homme poursuit : "Pendant le Covid, j’ai développé mon propre contenu sur les réseaux sociaux. J’ai osé me lancer. J’ai pu remarquer que faire des interviews, avoir un contact avec les personnes, divertir me plaisait énormément. Il y avait un vrai public avec qui, je pouvais interagir. Et j’ai donc décidé de reprendre des études en Communication en septembre 2020 mais cette fois-ci, en Haute Ecole."

Le point de vue des professionnels

Malgré l’existence des dispositifs qui viennent en aide aux étudiants au sein des établissements (services aux étudiants, formation ReBOND, etc.), Sébastien Theunissen, chef de la psychiatrie à Jolimont et professeur en Haute Ecole, constate qu’il y a encore énormément de jeunes qui décrochent.

"En tant que professionnel de la santé mentale, ce qui nous tracasse, c’est que la demande est énorme. Elle a tellement augmenté que nous avons de gros délais de réponse et on se rend bien compte que beaucoup de problématiques de réorientations ou de décrochage viennent du fait que nous n’avons pas pu assez vite proposer de l’aide" détaille-t-il.

Cependant, le psychiatre insiste sur l’enthousiasme de ceux qui se réorientent : "Quand l’étudiant a un projet de réorientation, c’est déjà bon signe. On sent quand même quelque chose de vivant chez eux". Malgré ce changement d’études, les jeunes ne baissent pas les bras et restent motivés à trouver une solution pour leur avenir. 

Le SIEP de Mons a pu faire des constats au fils des années, concernant les jeunes, Paola Anello explique : "Les étudiants n’ont pas plus de mal que les années précédentes pour trouver leur voie professionnelle. Le choix d’étude supérieur est tellement grand et vaste que les étudiants ne connaissent pas forcément tout et ils ne savent pas toujours ce qu’ils aiment. Le choix est tellement important qu’il peut faire peur par moments car il faut faire le bon choix, pensant parfois qu’il n’y a qu’un seul choix possible qui pourrait leur convenir".

Le SIEP rencontre énormément de jeunes lors d’entretien individuel afin qu’ils puissent trouver leur voie professionnelle, la directrice conseille les étudiants qui désirent changer d’études "il faut s’informer un maximum avant de faire un choix, s’informer auprès des établissements scolaires, comparer les grilles des cours, s’interroger le plus sur pourquoi on veut se réorienter, qu’est ce qui fait que le premier choix n’est pas le bon, est-ce qu’on ne s’est pas assez investi dans les études, etc."

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