Plus de problèmes financiers
Et ces préoccupations des étudiants sont réelles : l’Université d’Anvers et l’UGent ont mené une enquête à grande échelle auprès d’environ 27 000 étudiants venant de 13 haute-écoles/universités belges. Objectif ? Évaluer l’impact du coronavirus sur le bien-être des étudiants.
Et les résultats sont parlants : les étudiants sont plus stressés, et particulièrement ceux de première année. Ils indiquent que la charge de travail a considérablement augmenté pendant l’épidémie de covid-19 et que les attentes en termes d’étude sont devenues plus vagues. À peine un étudiant sur cinq déclare ne pas se faire de souci quant à la réussite de son année scolaire.
Dans le même temps, de nombreux jeunes constatent que la qualité de l’enseignement s’est détériorée parce que les cours ont été donnés en ligne ou ont même été annulés. Un tiers d’entre eux estiment qu’ils ne pouvaient pas s’adresser à quelqu’un de leur établissement scolaire pour partager leurs préoccupations.
Le bien-être des étudiants belges est également mis sous pression. Les filles et les étudiants en sciences humaines, en sciences sociales, en arts et en philosophie ont par exemple indiqué qu’ils manifestaient des symptômes de dépression.
Les jeunes étudiantes ressentent plus la solitude, d’autant plus si elles ont moins de contacts avec leur famille et leurs amis.
On constate également une forte augmentation (10%) du nombre d’étudiants qui signalent des problèmes financiers. La hausse la plus prononcée se retrouve chez les étudiants issus de l’immigration, ceux qui paient eux-mêmes leurs études ou ceux dont les parents ont suivi un parcours scolaire restreint.
Moins d’alcool
Les étudiants belges sont donc inquiets, mais il y a aussi une bonne nouvelle : l’enquête montre que les étudiants boivent remarquablement moins d’alcool. Le pourcentage d’abstentionnistes est passé de 30 à 45%. En moyenne, les personnes interrogées indiquent qu’elles boivent jusqu’à huit unités d’alcool de moins chaque semaine.
La consommation excessive d’alcool (" binge drinking ") est également en forte diminution : parmi les étudiants masculins, près de 35% buvaient à l’excès au moins une fois par semaine, alors que ce chiffre est tombé à 8,4% pendant la crise. Pour les étudiantes, même phénomène : diminution de 24,6% à 4,6%. Une petite minorité de 4% des étudiants boit néanmoins plus fréquemment pendant la crise qu’auparavant.
Il en va de même pour la consommation de cannabis et de tabac : les élèves fument moins pendant la pandémie.
La "honte du covid"
Les étudiants n’ont pas été épargnés par la pandémie. Ce groupe reste cependant restreint : 2,5% des personnes interrogées ont été testées positives.
Autre point intéressant : plus d’un tiers des personnes interrogées qui présentait des symptômes au cours de la semaine précédente, ont également essayé de les cacher aux autres. Cette "honte du covid" était étonnamment plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.
Selon les chercheurs, cette honte est peut-être liée au manque de connaissances de certains étudiants sur le virus. Quatre étudiants sur dix sont très bien informés, mais les autres étudiants ont clairement des lacunes. Par exemple, plus d’un tiers des étudiants pensent que le virus peut survivre à l’extérieur, plus de la moitié pense qu’il survivra une semaine sur des surfaces en plastique.
Cette étude lancée en Belgique est la première d’une longue série : pour l’instant, une enquête similaire se déroule dans 26 autres pays.