1. Pour lutter contre le piratage, faut-il mettre en œuvre une loi "Hadopi" belge ?
Une seule certitude: aucun des partis interrogés ne veut d’un "Hadopi belge" qui traquerait les consommateurs trop attirés par les sirènes du téléchargement illégal. Selon les tendances, une telle réglementation est qualifiée de lourde, liberticide, répressive, voire stigmatisante pour les consommateurs.
cdH : "Rendre les téléchargements légaux moins coûteux "
Tout en affirmant que le piratage nuit à l’emploi dans le secteur de la culture et freine son dynamisme, le cdH estime que la lutte contre le piratage doit respecter deux conditions fondamentales. La première est la protection des droits et le respect de la vie privée des internautes. Ce que ne permettrait pas, selon les centristes, une version belge de la loi Hadopi. Le cdH veut sanctionner "principalement la piraterie criminelle et de contrefaçon à grande échelle, dans un but purement lucratif ". Il faut ensuite agir sur les causes du téléchargement illégal, et notamment le prix élevé des œuvres, argumente le cdH qui demande "une véritable réflexion pour rendre moins coûteux les téléchargements légaux de musique, de films ou de livres ".
MR : une taxe forfaitaire comme pour les DVD vierges
Les libéraux préconisent l’instauration d’une taxe forfaitaire sur les fournisseurs d’accès. Cette taxe visant à rémunérer les artistes serait inspirée de celle mise en œuvre pour les DVD vierges. Sa perception serait comparable à celle d’Auvibel pour la copie privée en matière audiovisuelle et Reprobel sur les photocopies. Au yeux du MR " La technologie du téléchargement est désormais suffisamment au point pour adopter une taxe de ce genre visant les fichiers audiovisuels immatériels ".
PS : créer un label "Offre légale"
Le Parti Socialiste veut agir à plusieurs niveaux. D’abord s’attaquer aux sources de financement des sites illégaux et créer un label "offre légale" afin de permettre l’identification du caractère légal des offres en ligne. Ensuite, favoriser les plates-formes de téléchargement légales et, enfin, sensibiliser les internautes sur l’importance de la rétribution des ayants-droits des œuvres téléchargées.
FDF : " La solution est dans la licence globale "
Pour le parti amarante, la solution est dans le principe de la licence globale (voir question 5) " ou à tout le moins l'amélioration de l'offre légale -streaming ou téléchargement- sous une forme payante ou financée par la publicité ". Pour les FDF, ce problème nécessite une réponse globale au niveau européen, par la reprise du dialogue des parties prenantes sur le téléchargement illégal, résilié en 2011.
Ecolo : " Le système Hadopi entraîne des coûts trop importants "
Ecolo ne croit pas dans un système de type Hadopi dont le contrôle entraîne des coûts importants. Ce système contre le piratage " ne permet vraisemblablement pas un transfert des habitudes de téléchargement vers les plates-formes de téléchargement dit légal, et donc le paiement effectif du droit d’auteur ".
PTB-go !: copier, " Ce n’est quand même pas criminel "
Pour le PTB-go!, une loi de type Hadopi protège surtout "les profits monstres" de la grande industrie de la musique, du film, et de la photo. Pour s’opposer à la logique de sanctions contre les consommateurs, le Parti compare la copie dite "pirate" à l’ancienne pratique de copie sur cassettes des années 70 : " Ce n'est quand même pas criminel ". Le PTB voit dans les solutions de type Spotify " Des alternatives financièrement raisonnables à la demande croissante en matière de culture via le web ".
Parti Pirate : "Ce n’est que du partage de fichiers"
La position la plus originale est celle du Parti Pirate pour lequel " lutter contre le piratage (téléchargement illégal de produits culturels), consiste à porter atteinte à des droits fondamentaux ". Pour le Parti Pirate, le téléchargement décrit comme illégal n’est, la majeure partie du temps, que du partage de fichiers "La seule façon de déterminer si un fichier échangé porte atteinte au droit d’auteur, c’est de l’ouvrir. C’est comme si le secteur de l’édition ouvrait tous les courriers que vous échangez pour vérifier que vous n’utilisez pas du texte soumis au droit d’auteur ". Le Parti Pirate en fait une question de liberté : "Qu'est-on prêt à sacrifier sur le terrain de nos droits fondamentaux pour préserver des intérêts industriels menacés par la transformation des modes de production et de consommation ? "
S'il faut légiférer sur le "piratage", explique le parti, ce n'est pas pour défendre le modèle économique de l'industrie du divertissement, mais pour que la loi s'adapte aux nouveaux comportements des individus.