Enprobel, c'est l'histoire d'un jeune couple, Nahla El Mernissi (23 ans) et Imad Moukkat (25 ans). Elle est diplômée en gestion d'entreprise; lui est un débrouillard qui vivote de job en job depuis dix ans. Ensemble, ils ont créé une entreprise de récolte d'huiles de friture usagées. Couple à la maison, collègues à la ville.
"En près d'un an, le bilan est plutôt bon", résume la co-fondatrice,"nous avons récolté quelque 200 tonnes d'huiles de friture". Parmi leurs clients, on trouve les cuisines bruxelloises, des CPAS, des restaurateurs indépendants et un immeuble bruxellois où logent quelque 500 personnes.
Leur aventure a commencé le 31 octobre 2017 avec le soutien de la région bruxelloise, du 1819 (guichet d'entreprises) et de Greenlab (aide à entrepreneuriat environnemental). Dans le cadre de la semaine de l'entrepreneuriat jeune (24 au 28 septembre), Nahla El Mernissi présentera d'ailleurs l'entreprise à des étudiants. Elle y racontera sans doute qu'ils ont pu compter sur les trois F: "Family, Friends and Fools" (la famille, les amis et les fous).
Une idée verte qui a de la frite
"Tout le monde mange des frites", explique, sourire aux lèvres, Imad Moukkat quand il évoque la naissance du projet. "Mais on s'est aperçu que tout le monde ne savait pas quoi faire avec les huiles usagées par après. Pour certaines personnes, déposer les bouteilles d'huiles au parc à containers peut être difficile. Du coup, on s'est lancé".
Les huiles récoltées sont ensuite transportées dans un centre de traitement en Wallonie où elles sont filtrées et décantées. "On approvisionne ainsi les bioraffineries et avec une infime partie des huiles usagées, on alimente des savonneries", précise Imad Moukkat.
Difficultés d'en vivre
Malgré les soutiens des familles, des amis et d'institutions bruxelloises, le parcours de ce jeune couple n'est pas de tout repos "comme le jour où en plein service, quelqu'un a volé la camionnette d'Imad!" Un contre-temps qui aurait pu avoir la peau de la jeune entreprise mais les deux entrepreneurs ont décidé de se serrer les coudes et d'y croire dur comme fer. "La société est bien en marche, l'activité est stabilisée pour le moment mais au niveau de la rémunération, on n'y est pas encore tout à fait! Imad peut se rémunérer un mois sur deux ou sur trois avec 1000€ bruts", déplore Nahla. Son conjoint enchaîne : "On a rentré des demandes de subsides et on espère pouvoir se rémunérer début 2019 et puis pouvoir engager quelqu'un d'ici quelques mois".
A plus long terme, Enprobel aimerait mettre sur pied sa propre raffinerie. D'ici là, comme le dit Nahla El Mernissi, ils "gardent la frite".