Des employés d'Engie auraient créé frauduleusement des contrats fixes: menaces de licenciement et arrêts de travail
Belgique
C'est une information RTBF : des arrêts de travail sont en cours chez Engie suite à des menaces de licenciement envers...
Energie
La principale différence est dans le nom du contrat :
Ces paramètres d’indexation comprennent eux aussi : une fréquence d’actualisation, et une "formule" qui établira à quel point le tarif de base va être impacté par le cours de l’énergie concernée sur les marchés au moment de l’actualisation.
Cela veut dire qu’en cas d’actualisation tous les mois, le consommateur paiera par exemple 10 kWh au tarif X, mais le mois suivant, 12 kWh au prix 2X, le mois suivant 10 kWh au prix 2,5X, et ainsi de suite.
Le consommateur ne constatera pourtant le prix de l’énergie qu’au final, sur sa facture de régularisation, ce qui explique les très mauvaises surprises reçues par certains depuis un an. En cas de hausse importante des cours, le fournisseur peut toutefois l’inciter à augmenter ses acomptes afin d’éviter une facture de régularisation trop élevée.
Attention : un contrat signé alors que les prix sont bas, présentera un prix bas dans les simulations, mais le prix peut fortement augmenter si le cours augmente fortement.
C’est expliqué ci-dessus : dans le cadre d’un contrat variable, la partie énergie de la facture dépend de deux facteurs, le montant indexé au moment de l’actualisation, et la consommation durant cette période. Cette consommation durant une période donnée est pourtant la plupart du temps ignorée du fournisseur, à moins des rares cas de "compteur intelligent"?
Quelle quantité d’énergie prend alors le fournisseur en compte ?
Il va en fait prendre la consommation globale et va la répartir "fictivement" par mois selon des "profils d’utilisateurs" établis et calculés sur base de moyennes de consommations mesurées chez les autres utilisateurs. Ces "real load profile" donnent un pourcentage de la consommation pour janvier, février, etc.
Le pourcentage donné pour chaque période est ensuite multiplié au prix indexé selon les paramètres du contrat (voir ci-dessus), et tous les montants sont additionnés pour donner le total de la partie "énergie" de la facture.
Des éléments de taxe
Les coûts de réseau (activité régulée dont le coût est fixé par le régulateur, en Wallonie la CREG).
La fourniture (avec la marge du fournisseur, et ses coûts de commercialisation)
Et enfin… l’achat de la molécule de gaz ou des MWh d’électricité
Jusqu’en 2020 la part de l’énergie ne représentait en moyenne que moins de 50% de la facture pour le gaz, alors qu’aujourd’hui, cela représentait en juillet 2022 77% de la facture en Wallonie, 82% à Bruxelles et 84% en Flandre.
Pour l’électricité, cela correspondait jusqu’en 2020 à moins de 40% de la facture et en juillet 2022, 59% du total de la facture en Wallonie, à 63% à Bruxelles et à 62% en Flandre.
La forte augmentation actuelle est donc essentiellement due à l’augmentation du coût de l’énergie elle-même, pas aux taxes (la TVA a d’ailleurs été ramenée de 21 à 6%), ni aux frais de distribution (qui ont augmenté, mais pas du tout dans la même mesure que l’énergie elle-même).
Pour l’électricité, en juillet 2022, les coûts de réseau représentaient 19% de la facture en Wallonie, 17% à Bruxelles et 16% en Flandre. Pour le gaz, ils pesaient 11% de la facture d’un client résidentiel en Wallonie, 9% à Bruxelles et 9% en Flandre.
Il faut se rendre compte qu’il y a plusieurs types de transaction sur l’énergie :
Sur ces bourses, il y a aussi deux marchés très différents, à des prix qui diffèrent fortement eux aussi :
Les fournisseurs achètent sur ces marchés des “blocs” d’électricité, au mois, au trimestre et à l’année.
Pour couvrir les besoins de leurs clients, ces gros fournisseurs achètent à l’année, sur base de contrats "à terme", ce qu’ils estiment être la consommation minimum quotidienne, une quantité supplémentaire au trimestre les mois d’automne et d’hiver et par mois les pics estimés en décembre/janvier par exemple.
Mais ils doivent ensuite adapter quotidiennement l’achat à la réalité de la consommation : et ils achètent (s’il manque de l’énergie) ou revendent (s’ils en ont trop commandé) en fonction de la consommation réelle sur ce marché “spot”.
Ce qui veut dire que lorsque les citoyens consomment plus, le fournisseur doit acheter cette énergie "finale" à des prix hauts.
Contrairement à ce que certains pensent, le coût de l’électricité n’est pas systématiquement calculé sur le prix du gaz : il dépend en fait de la "dernière centrale" mise en route pour obtenir le volume suffisant afin de remplir les besoins des candidats acheteurs (c’est-à) dire les gros utilisateurs, et les fournisseurs, qui doivent ensuite livrer cette énergie aux entreprises et aux particuliers. C’est le principe du “merit order”, et cela se passe dans ce sens :
Dans le marché "ouvert" (c’est-à-dire hors des contrats de gré à gré, voir ci-dessus "Comment se vendent le gaz et l’électricité en gros ?") :
Pour fournir le volume d’énergie requis, on commence par les moyens de production d’énergies dont le prix variable (c’est-à-dire le prix de production aujourd’hui, ne tenant pas compte de l’amortissement de l’investissement) est le moins cher. Concrètement, cela vise les énergies renouvelables (solaire, éolien), et l’énergie nucléaire. Si la quantité d’énergie produite est suffisante, on en reste là, et les prix fixés de l’électricité sont alors très bas. C’est en ce sens que l’arrêt de la production d’une partie du parc nucléaire a une grande influence sur le prix.
Si l’énergie produite n’est pas suffisante, on va faire appel à d’autres moyens de production : les centrales à charbon, en Europe de l’Est, puis les nouvelles centrales au gaz, et enfin éventuellement au diesel. Ce sont celles qui coûtent le plus cher, et si on fait appel à elles, le point d’équilibre sera placé très haut et l’électricité sera très chère.
Ce principe du merit order se fait quasiment au niveau de toute l’Europe et est influencé par deux facteurs :
Concrètement, la situation actuelle de forte demande et de production nucléaire moindre fait que l’évolution du prix de l’électricité suit exactement le prix du gaz.
Bien que critiqué, ce système de merit order présente selon les experts plusieurs avantages :
L’électricité suit donc actuellement le cours du gaz. Mais comment est fixé celui-ci ? Comme n’importe quelle matière première, il dépend du marché, et donc de l’équilibre entre l’offre et la demande. Dans le cas du gaz, le marché de référence des échanges, c’est le marché néerlandais et son indice TTF Future.
Celui-ci fixe en fonction des volumes d’échange le prix par mégawattheure du gaz pour les contrats par mois, trimestre ou année, selon les dates de fourniture. C’est un marché extrêmement volatil, qui peut varier très fort d’une journée à l’autre, et même au sein d’une seule journée, et qui est évidemment très influencé par la fourniture ou non du gaz russe.
Les contrats pour le mois suivant sont ainsi passés d’un prix qui est resté en 2020 et jusqu’à juin 2021 sous les 20 euros du mégawattheure à 346 euros le 26 août dernier.
La première chose à dire est qu'il est extrêmement compliqué de répondre à cette question: des experts réputés ont rétrospectivement donné de très mauvais conseils en 2021 alors que les prix étaient à la hausse, tout simplement parce qu'ils n'avaient pas anticipé la guerre en Ukraine, et son effet boule de neige dans l'explosion des prix. Ceux qui ont réalisé la meilleure opération sont au final ceux qui ont renouvelé leur contrat fixe en 2021, avant septembre, pour une durée de 3 ans, puisque l'explosion est survenue après et que leur contrat leur garantit un prix bas durant toute cette période.
Aujourd'hui, l’exercice est toutefois de plus en plus compliqué pour comparer des contrats variables:
On a un prix au kWh de base
MAIS les conditions d'indexation diffèrent selon les contrats, sur l’intensité (à quel point la hausse/baisse va être répercutée) et la périodicité (tous les mois ou tous les 3 mois par exemple)
Le gain réel va en fait dépendre de l’évolution du cours du marché, impossible à préduire aujourd'hui
Actuellement, les experts consultés s'accordent sur quelques points:
Attention: ce n'est pas "en soi" la libéralisation ou la nationalisation de la production qui font que les prix montent ou baissent, Mais c'est sur l'impact des fluctuations du marché que cela joue un rôle.
Tant que le marché de l'énergie était " nationalisé ", chaque Etat contrôlait sa production, et pouvait donc fixer les prix. S'il n'y avait pas assez de production en interne, il pouvait acheter de l'énergie à l’étraner, ou au contraire en revendre si la production était excédentaire.
Mais surtout, dans ce contexte, c'est l’Etat qui fixe les tarifs, et décide du prix final payé par le consommateur. Au cas où les matières premières augmentent (qu'il s'agisse de charbon, de gaz ou d'uranium), l'Etat avait le choix : soit augmenter le tarif du consommateur, soit absorber ce surcoût et le financer par d’autres mesures, soit s’endetter.
Dans la plupart des pays, le choix a été fait de libéraliser, c’est-à-dire d'ouvrir la production d'énergie au marché. Les différentes formes d’énergie sont donc devenues des marchandises comme une autre, avec un cours, fixé sur base de l'équilibre entre l'offre et la demande.
Le pari était que la concurrence serait favorable à la fois pour la tarification (celui qui propose les tarifs les plus avantageux obtient plus de contrats) et les investissements.
Mais pour certains observateurs, dont Jean-Pierre Hansen, ex-patron d’Engie-Electrabel, l'erreur a été de ne ne pas avoir tenu compte de l'aspect stratégico-politique des produits énergétiques.
Si on voulait simplifier, il y a une réponse toute simple à "Pourquoi les prix de l'énergie montent-ils?", c'est "parce que la demande augmente et que l'offre diminue".
La première hausse des prix, en 2021, est en effet liée à la reprise économique alors qu'on avait assisté à une importante récession au plus fort de la pandémie de Covid-19. Et qui dit reprise économique dit consommation plus importante d'énergie, et donc de la demande.
A côté de ça, l'offre en Europe a diminué pour plusieurs raisons: la mise à l'arrêt d'une partie du parc nucléaire français, et bien sûr, les problèmes liés à la fourniture du gaz russe, autour de Nordstream dans un premier temps, puis à cause de la guerre en Ukraine et des sanctions. Or, l'électricité et le gaz ne sont pas des marchandises comme les autres, on ne peut pas les acheter n'importe où dans le monde: il faut soit être connecté, soit dans le cas du gaz procéder à d'importantes manipulations qui demandent à la fois de l'équipement et ont un coût important.
C'est pourquoi les Etats, incités par la Commission européenne, prennent des mesures de "sobriété énergétique": dans une économie de marché, faire baisser cette demande va mécaniquement entraîner une baisse des prix.
Dans ce contexte global, plusieurs experts pointent le rôle négatif joué par l'Allemagne, et ce pour plusieurs raisons:
L'équation est tentante: certains producteurs d'énergie ont fait de gros bénfices, les tarifs ont explosé ==> ce que nous payons en plus sert juste à les enrichir.
Comme on l'a lu ci-dessus, l'explosion des prix n'est pourtant pas liée à une volonté des producteurs de faire plus de bénéfices. Il peut toutefois paraître choquant que les uns s'appauvrissent pendant que les autres s'enrichissent.
Ces bénéfices exceptionnels résultent toutefois de la mécanique du "merit order", expliquée plus haut: selon ce principe, le prix fixé pour l'électricité est celui de la production d'énergie la plus chère, et ce quel que soit le mode de production. Bien sûr, même si la production d'énergie renouvelable ne coûte quasiment rien, il faut rentabiliser les investissements, et c'est notamment pour ça que ce principe avait été imaginé. Mais dans le cas du nucélaire, par exemple, les installations sont rentabilisées depuis longtemps, et le coût effectif de production est très bas, ce qui explique que les sociétés qui exploitent le nucléaire et les énergies renouvelables font de gros bénéfices, puisqu'ils sont payés pour cette énergie produite au prix de revient des centrales au gaz.
Les producteurs ne "volent" donc pas les citoyens, mais ce déséquilibre choquant fait que plusieurs Etats mettent en place des "contributions" afin que les bénéfices des uns puissent diminuer la facture des autres.
Au niveau européen, une des propositions se base sur une taxe sur la différence de coût entre les productions les moins chères et les plus couteuses, ce qui ne pénaliserait en principe pas trop fortement les producteurs, soumis à d'autres contraintes.
Selon Jayati Ghosh, professeur d'économie à l'université du Massachusetts à Amherst, publié dans l'Echo, la guerre en Ukraine et la reprise n'expliquent pas tout: "La spéculation effrénée (menée principalement par des firmes financières comme les fonds d'investissement qui dominent les échanges) a beaucoup aggravé la situation".
Et l'observation des transactions va dans le sens de cette hypothèse: " Le volume d'échanges au principal centre de tarification du gaz du marché du gaz naturel de l'Union européenne, le Mécanisme de transfert de titres, a augmenté régulièrement au cours de la dernière décennie - passant de 14 fois la consommation réelle de gaz en 2011 à plus de 114 fois en 2020.
Une telle spéculation peut engendrer le chaos ".
Les marchés de gros et les marchés boursiers de produits de base tels que le gaz, l'électricité, le charbon et le pétrole exigent des acomptes pour couvrir les engagements conclus.
La vente anticipée de la production future nécessite le versement aux acheteurs d'un dépôt de sécurité ou d'une marge au cas où le producteur ne pourrait pas livrer. Une fois la fourniture reçue, le producteur récupère son argent.
Ces dépôts - connus sous le nom d'appels de margin calls ou appels de marge - ont littéralement explosé.
Or, certains producteurs vendent en effet une partie de leur électricité jusqu'à trois ans à l'avance sur les marchés boursiers. Mais quand le cours augmente, ils doivent adapter leur garantie. Et celle-ci n'est parfois simplement plus payable, tant le cours a vite augmenté.
Ce phénomène a deux conséquences qui se renforcent mutuellement:
Les pistes principales pour enrayer cette crise sont:
Comme on l'explique plus haut, la loi du marché fait que tant qu'il y a de la demande, certains peuvent vendre à des prix exorbitants. C'est là que le pouvoir politique peut reprendre la main, en plafonnant les prix de façon uniforme. Le problème, c'est qu'actuellement des Etats continuent à chercher des solutions individuelles auprès de fournisseurs. "On devrait faire un peu comme pour le Covid, suggère Damien Ernst, avoir un seul super-acheteur, qui pourrait imposer un prix raisonnable".
L'Union Européenne pourrait ainsi imposer son prix en interne, et pour le gaz acheté à l'extérieur, et amené sous forme de gaz liquide, compenser la différence via des subsides. Cela permettrait d'enrayer les phénomènes "boules de neige" boursiers, et contenir les hausse le temps que demande et offre se rééquilibrent.
Didier Reynders proposait ainsi que 15% du gaz soit acheté en commun.
C'est une solution que l'Europe tente d'appliquer à court terme, mais qui est plutôt viable à moyen et long terme: la réduction de la consommation. Comme expliqué ci-dessus, les prix actuels sont avant tout le résultat d'un déséquilibre entre l'offre et la demande. On peut donc tenter de renforcer et diversifier l'offre mais aussi diminuer la demande.
Dans ce cadre, toutes les installations d'énergie renouvelables des particuliers et des entreprises sont une piste, car elles diminuent la demande en augmentant l'énergie directement disponible. Mais la piste de l’isolation est aussi réelle: elle permet non seulement de réduire la consommation individuelle, mais aussi, à large échelle, collective. Or, si on consomme moins, la demande est moins forte et mécaniquement, les prix baissent.
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