"Stop, pas sur la rue, tu t’arrêtes sur le trottoir ! Pour traverser tu donnes la main !" : à peu de chose près, voilà ce que disent les parents à leur progéniture quand ils se promènent. Les villes ne sont plus que des lieux de passage pour les enfants. Ils passent de la maison à l’école, via des rues emplies de voitures, et pour jouer, ils sont généralement confinés à des plaines de jeux, si ce n’est simplement à la maison avec leur tablette.
Contrairement aux générations précédentes, les enfants ne jouent plus en rue. Une étude menée en Flandre par l’association Kind en Samenleving, montre qu’en 2008, le nombre d’enfants qui jouent dans l’espace public a diminué de 50% par rapport à 1983. En 2019, une autre étude menée aux Pays-Bas montre que 15% des enfants ne jouent JAMAIS dehors.
Les parents ne les laissent plus jouer dehors. Ils ont trop peur des accidents de voitures, ou des enlèvements. Il y a aussi moins de vie de quartier, et donc moins de surveillance collective, qu’auparavant. Sans compter que beaucoup de familles avec jeunes enfants font le choix de quitter la ville pour la périphérie, faute de logements adaptés.
Alors des urbanistes, architectes, pédagogues se sont mis à regarder la ville à hauteur d’enfants et à la réinventer pour eux. Francesco Tonucci, notamment, y travaille depuis 40 ans. Il a créé, au début des années 90, le réseau "Ville des enfants", dont l’UNICEF a repris le principe avec son label "Ville amies des enfants".
Réinventer les aires de jeux
Il y a moyen d’agir à plusieurs niveaux, en commençant par les plaines de jeux. Il faut les repenser, les réinventer. Désormais, leurs concepteurs essaient de laisser beaucoup plus de place à l’imagination de l’enfant. "On essaie de ne plus faire du 'prêt à jouer' (deux canards à ressorts et un petit train), mais plutôt de proposer des modules plus abstraits (un rocher, des formes originales…) qui ne se prêtent pas à un usage unique", explique Cécile Duvivier, responsable du service Jeux et Sports de la division Espaces verts de Bruxelles Environnement, qui a coordonné le vade-mecum "Le jeu dans la ville. Pour un un maillage jeux à Bruxelles".