La hausse des prix , l'inflation, il va falloir s' habituer pour quelques mois, voire plus. Or ces hausses de prix vont accroitre le risque de crise économique et de conflits sociaux. On le voit dans la grande distribution où dans la police. L’hiver social risque d’être assez chaud.
Inflation durable?
On ne sait pas encore dans quelle mesure les hausses de prix sont durables, mais il est très probable que l’inflation nous accompagne tout l’hiver. +6% aux Etats Unis, +5% chez nous en octobre.
L’inflation est largement tirée par les prix de l’énergie. Ce qui permet au gouvernement d’agir un peu sur ce levier via des mesures sociales (tarif social élargi). Mais on remarque que le prix des matières premières et du transport flambent ce qui entraîne une hausse généralisée des prix. La dernière fois que cette fièvre à été constatée c’était en 2008 juste avant la crise financière. De nombreux économistes ont d’ailleurs souligné que l’éclatement de la bulle des subprime n’était qu’un élément. Qu’on avait sous-estimé les autres facteurs qui avaient fragilisés ménages, Etats et entreprises.
Tensions sur les salaires
Une hausse durable des prix est souvent à l’origine de conflits sociaux, car le pouvoir d’achat des ménages diminuent. Bien sûr l'indexation automatique des salaires est là pour nous protéger mais elle ne le fait que partiellement. Assez naturellement, logiquement, l’inflation s’accompagne donc d’une pression à la hausse sur les salaires. Une hausse réclamée par les travailleurs pour compenser leur perte de pouvoir d’achat via les syndicats et freinée par les patrons qui veulent sauvegarder leurs profits et leur compétitivité.
Bien sûr, en plus de l’indexation automatique des salaires, cette question est aussi réglée par l’accord interprofessionnel signé tous les deux ans qui encadre, entre autres choses, des hausses de salaire et qui garantit la paix sociale. Sauf que cette usine à consensus social est mal en point, et cette année les syndicats ont signé un accord mais sans garantir la paix sociale sur la question de la hausse des salaires à 0.4%. Ils contestent la loi de 96 (revue en 2017) jugée trop contraignante et trop favorable aux entreprises. En ce moment, les négociations ont malgré tout lieu dans de nombreux secteurs.
Tension sur le travail
Un autre élément majeur intervient dans l'équation sociale. L'inflation se couple à une pénurie de main d'œuvre dans beaucoup de secteurs ce qui à deux conséquences. Un, il y a du travail reporté sur les autres travailleurs, via des heures supplémentaires, ou des cadences plus importantes. Deux, il y a aussi plus de poids pour les travailleurs face à leur patron pour négocier.
Le mouvement social dans la grande distribution est un signal. Il y a eu des mouvements de contestation chez Lidl ou chez Aldi, qui ont débouché sur des accords. Chez Aldi l’accord porte sur un renforcement du personnel et de la qualité des contrats de travail. Il y a actuellement un mouvement chez les travailleurs qui fournissent les grands magasins, avec des grèves qui pourraient mener à des pénuries.
Il y a eu un accord salarial dans la construction avec des hausses des salaires limitées, mais des primes allant jusqu’à 300 euros. Il y a des menaces de grève dans le secteur du métal et un mouvement annoncé dans la police. A chaque fois, la question des salaires mais aussi des conditions de travail jugées éreintantes. A chaque fois des travailleurs qui après avoir été jugé essentiels durant les confinement se sentent oubliés.
Bref, il y a dans le monde du travail une tension sur les salaires ou de meilleures conditions de travail. Avec une croissance forte et des pénuries de main d'oeuvre, il y a aussi une fenêtre pour obtenir des accords. Et puis malgré tout, la machine du dialogue social fonctionne encore. Mais si la hausse des prix se généralise et dure, la hausse de 0.4% imposée par l’accord interprofessionnel ou des primes risquent de ne plus faire le job très longtemps.