C'est que, explique Niko Howai, doctorant à l'Université britannique de Reading, les dirigeants ne se rendaient pas compte à l'époque "de l'importance des mangroves" et ont préféré "les opportunités de revenus" qu'offrait alors la construction à tout-va d'infrastructures touristiques côtières.
Les complexes hôteliers, les bateaux et le forage d'hydrocarbures ont eu raison de nombreuses mangroves en Egypte.
Actuellement, Le Caire consacre chaque année plus de 50.000 euros à la reforestation des mangroves. Mais tout cela "ne mènera à rien si le tourisme et ses dégâts ne sont pas contrôlés", prévient M. Chaltout. Aujourd'hui, les mangroves couvrent près de 500 hectares en Egypte, une portion minime des mangroves de l'océan Indien. Impossible toutefois de savoir combien d'hectares ont disparu en tout.
Une seule chose est sûre : en 2018, une équipe de chercheurs, dont M. Chaltout, rapportait que des mangroves recensées "dans les années 1950 et 1960" avaient été entièrement éradiquées, notamment dans la région d'Hurghada, station balnéaire prisée des plongeurs du monde entier.
Pour ces chercheurs, l'étendue des dégâts "dépasse probablement de loin des années de programmes de reforestation". Car le palétuvier, explique M. Khalifa, est comme l'olivier : s'il peut survivre plus d'un siècle, il lui faut "20 à 30 ans, et surtout une protection totale pour atteindre convenablement sa taille adulte".