Plein Écran
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Depuis la Croisette, le festival a démarré il y a une semaine, encore un tiers de la compétition à découvrir mais un film sort clairement du lot jusqu’à présent : ''The Zone of Interest'' Jonathan Glazer (réalisateur anglais), candidat sérieux à la palme d’or (il avait réalisé ''Under The Skin'' avec Scarlett Johansson).
''The Zone of Interest'' raconte le quotidien de la famille de Rudolph Höss, le commandant historique du camp d’Aushwitz. Ils habitaient avec leurs enfants et leurs domestiques à quelques mètres des murs d’enceinte du camp d’extermination. Madame fait son jardin, on organise des garden-partys, les enfants jouent alors qu’on entend au loin, les cris, les coups de feu, les bruits de l’incinération, les trains qui arrivent… Sans rien voir du camp rien n’est reconstitué, on ne voit aucun prisonnier, tout se passe hors champ, tout est suggéré, et c’est ça qui rend le film encore plus glaçant. C’est le travail sur l’imagination du spectateur. L’enfer est dehors mais il s’insinue dans les cœurs des membres de cette famille. C’est austère, c’est froid, comme le cinéma de Michael Haneke (qui a déjà reçu deux fois la palme d’or) mais le spectateur est en état de choc en sortant du film tellement on manque d’oxygène, le travail sur la bande-son est incroyable et crée un malaise palpable.
Hors compétition, quelques coups de cœur parmi les films très attendus : ''Indianna Jones et le Cadran de la Destinée'' (sortie fin juin).
Le dernier volet des aventures d’Indiana Jones tient toutes ses promesses. Du divertissement, des scènes d’action mémorables et l’humour fun de Phoebe Waller Bridge qui joue dans le film et a coécrit le scénario. Belle approche aussi d’un Indiana Jones vieillissant. On joue avec son allure de monsieur de 80 ans. C’est efficace mais peut-être pas aussi magique que le premier. Conclusion de la saga réussie. Ce sera le gros blockbuster de l’été !
''Killers of the Flower Moon'' de Scorsese, l’un des films les plus attendus de la sélection, avec deux immenses stars en tête d’affiche : Robert De Niro et Leonardo Di Caprio.
Un film fleuve de près de 3h30. Martin Scorsese s’est inspiré d’une histoire vraie édifiante : dans l’Amérique des années 20 les Indiens Osage croule sous les dollars après la découverte de pétrole dans leurs terres. Ils attirent vite la convoitise de blancs peu scrupuleux, cette tribu devient victime de spoliations, de disparitions, de meurtres. Avec ''Killers of the flower Moon'', Martin Scorsese nous prouve qu’à 80 ans, il est toujours capable de se renouveler et de nous offrir une grande fresque captivante. Le film navigue entre différents registres : c’est un western violent, une comédie ironique mais surtout, le portrait sans concession d’une époque raciste et immorale. Il dénonce aussi les germes d’un certain capitalisme américain immoral, une illustration vertigineuse de la cupidité humaine. Sans oublier un hommage à la culture amérindienne. C’est l’un des grands films de l’année, à voir en salles dans quelques mois.
Côté belge : ''Le Syndrome des Amours Passées'' une comédie présentée en séance spéciale à la 15aine des cinéastes.
Deuxième long métrage d’Ann Sirot et Raphael Balboni (grands gagnants des Magritte l’année dernière avec leur premier film : ''Une Vie Démente''). Un pitch improbable : Un couple a des problèmes pour faire un enfant. Le médecin leur dit qu’ils souffrent du syndrome des amours passées, pour le résoudre : ils doivent, chacun, recoucher avec leurs ex. Film très drôle qui réactualise la comédie romantique. C’est inventif, onirique, ça joue super juste : c’est mon gros coup de cœur cinéma belge de l’année, il sort à l’automne.
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