Moins de 100 000 cas du coronavirus déclarés officiellement en Chine, un peu moins de 5 000 morts, des doutes sans cesse entretenus sur l’origine du virus arrivé par "des produits surgelés importés de l’étranger" ou encore par "des militaires américains", peu importe les détails, invérifiables d’ailleurs puisque les experts de l’OMS ont eu toutes les peines à enquêter, la Chine est parvenue à convaincre sa population qu’elle n’était pas à l’origine de la pandémie.
Un travail de propagande contrôlé par le pouvoir central dès le début de l’épidémie. "La Chine a quand même transformé une épidémie locale en pandémie", rappelle Thierry Kellner, politologue spécialiste de la Chine à l'Université Libre de Bruxelles, "le pouvoir s’est senti trembler, la question de sa légitimité s’est posée. Le parti communiste chinois a très peur des événements qui pourraient induire un mécontentement populaire et venir se greffer sur des difficultés que la Chine connait déjà en interne. Il y a des problèmes de chômages en Chine, de l’agitation sociale, une classe moyenne montante dont les revendications sont plus fortes et auxquelles le pouvoir doit répondre".
Une propagande qui fonctionne
La question de la pandémie est donc devenue un enjeu politique majeur. "Il y a eu d’une part toute une propagande autour des bilans, l’armée chinoise par exemple a envoyé des milliers de docteurs à Wuhan et a reconnu zéro mort, ce n’est pas possible, il y a eu des chiffres trafiqués", analyse Thierry Kellner. "D’autres part, le parti a mobilisé tous les moyens dont il dispose en tant que régime autoritaire et pris des mesures de contraintes radicales pour juguler la propagation du coronavirus".
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