D’autres indicateurs basés sur les conditions de vie montrent la même chose : il y a deux fois plus de personnes touchées en Wallonie qu’en Flandre.
Et les enfants ?
En Belgique, les enfants sont proportionnellement plus nombreux à être pauvres que le reste de la population, quelque soit l’indicateur choisi – que l’on prenne un indicateur monétaire ou un indicateur basé sur les conditions de vie de ces enfants (avoir une nourriture saine, des chaussures, des vêtements, un peu de loisirs, quelques livres, etc.).
424 000 enfants vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique
Près d’un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté ou subit la déprivation en Wallonie ,un sur dix en Flandre. Ce chiffre atteint 4/10 à Bruxelles.
Cette différence régionale ne résulte pas du seul différentiel de pauvreté entre la Flandre et la Wallonie/Bruxelles. Il s’agit bel et bien d’une vulnérabilité des enfants plus importante en Wallonie/à Bruxelles comparativement à la Flandre. Le Wallon/Bruxellois pauvre est un enfant (moins de 18 ans) dans un cas sur trois (il s’agit d’un enfant dans un cas sur 5 en Flandre).
Procéder à une comparaison régionale dans un pays comme la Belgique où la sécurité sociale et la taxation des personne physiques sont communes, permet de mettre en évidence, dit Anne–Catherine Guio, l’importance du contexte socio-économique et de l’histoire de chacune des régions mais également l’importance des politiques régionales, communautaires et locales. Cet exercice permet de montrer qu’à revenu égal, la pauvreté monétaire se traduit par des difficultés quotidiennes plus importantes en Wallonie qu’en Flandre. L’existence de dispositif publics ou privés qui permettrait, avec un même revenu, d’accéder à davantage de biens et services en Flandre pourrait expliquer cette différence.
Les familles monoparentales d'abord touchées
En Wallonie, une famille monoparentale sur deux vit sous le seuil de pauvreté.
Cette situation est très préoccupante, car la pauvreté se traduit par de nombreuses privations vécues au quotidien par les enfants comme le montre l’analyse des indicateurs relatifs aux conditions de vie des enfants.
La pauvreté n'est pas une transmission culturelle
Comme le souligne Unicef Belgique (2010) : "Cette situation est inquiétante, parce que la pauvreté est bien plus qu’un manque de revenus. Elle touche les êtres humains - et en particulier les enfants - dans tous les aspects de leur vie. Une mauvaise alimentation, une santé fragile, un sentiment de honte et d’infériorité, une limitation des possibilités d’éducation ainsi que l’exclusion des activités sociales ne sont que quelques-uns des aspects ayant un impact négatif sur les différents domaines de vie et le développement des enfants touchés par la pauvreté".
L'impossibilité d'accès à certains biens: un mal surtout bruxellois
L'étude mesure aussi le taux de "déprivation matérielle". Par déprivation, l'étude entend l'impossibilité d'accéder à certains biens ou de réaliser certaines dépenses (chauffage, vacances, deux repas par jour contenant des protéines, etc.). En Belgique, les taux de déprivation sont inférieurs à la moyenne européenne. La Wallonie se situe juste au-dessus alors que la Flandre est au même niveau que les pays nordiques, la Suisse ou le Luxembourg. Bruxelles est quant à elle à nouveau en bas du classement, proche de la Grèce ou de Chypre.
Graphique : proportion d’enfants (moins de 16 ans), selon la région, qui vivent dans un ménage qui est dans l'impossibilité financière d'accéder à certains biens, ou qui cumule au moins trois problèmes, 2009.