Culotte de peau et bâton de bouvier, le patriarche Sepp Rieser décore ses vaches tyroliennes, prêtes à regagner leur étable après avoir passé l’été dans les alpages. Une tradition qui pourrait toutefois s’éteindre sur fond de réchauffement climatique.
Hausse des températures, sécheresse, manque de rentabilité : selon les statistiques officielles, plus de 1250 pâturages ont disparu en près de 20 ans en Autriche, où la transhumance est une coutume ancestrale, comme dans les massifs italiens, français et helvétiques.
C’est notre richesse au Tyrol
Cet écosystème fragile à protéger, "c’est notre richesse au Tyrol : il faut que le bétail fasse de l’exercice, qu’il entretienne les paysages", explique Sepp Rieser, juché à 1267 mètres d’altitude dans un décor idyllique de montagnes où l’herbe est grasse.
Rien ne semble pouvoir perturber l’immuable rituel inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2019. Et pourtant. Le vacher Gottfried Brunner, qui veille sur les bêtes depuis 10 ans, voit que "l’été arrive plus tôt" et que "la végétation monte plus haut". En 2019, il a fait 8,5 °C en moyenne en Autriche, soit 1,6 °C de plus qu’entre 1981 et 2010. Depuis 2011, toutes les années se situent au-dessus de cette valeur standard de 6,9 °C, ce qui indique un profond changement.
Un plus long été et il y a trop de végétations pour les vaches
"On ne peut pas le nier", déplore Sepp Rieser. "On a des précipitations beaucoup plus intenses, une pluie continue, explosive. Et puis à nouveau, il y a la chaleur extrême qui revient".