C'était le jour de deuil national, le 20 juillet. Patrick Leclercq se rend en voiture à son travail, tout en écoutant le journal régional de Liège Matin, sur Vivacité. Il entend la voix fluette de Qamar, 12 ans, qui vit avec sa famille dans le quartier Pré Javais à Verviers.
Ces réfugiés syriens ont tout perdu, une fois encore. Patrick téléphone aussitôt à sa compagne, Thérèse, et lui demande de trouver cette famille et leur proposer de les héberger.
Se faire confiance mutuellement
Thérèse Fraiteur est une enseignante à la retraite. Elle vit avec Patrick à Heusy, dans une grande maison familiale, vide des enfants partis vivre leur vie. Dès le lendemain des inondations, le couple est prêt à accueillir des sinistrés mais leur annonce sur Facebook n'a pas encore trouvé d'écho. Thérèse chausse ses bottes de randonnée et descend à Verviers. "J'avais vu les images à la télé mais je ne me rendais pas compte de la gravité. J'ai été saisie par les odeurs et la désolation sur les visages des gens".
Thérèse finit par trouver la maison et la famille. Elle leur explique qu'elle dispose de 3 chambres vides. A 12 ans, Qamar sert de relais pour ses parents qui ne parlent pas français. Elle a 4 frères, dont le dernier, né en Belgique, n'a que 8 mois. Désemparé, Moaad, le papa, accepte, un peu craintif. Les deux familles ne se connaissent absolument pas. C'est un saut dans l'inconnu.
Comme une famille recomposée
Quand nous les rencontrons 10 jours plus tard, nous trouvons une famille recomposée temporaire qui a déjà tissé des liens très forts. "Je n'ai jamais pensé que quelqu'un allait nous accueillir chez lui après ce qui s'est passé", sourit Qamar, la seule fille de la fratrie. Ses frères, âgés de 13 à 6 ans et demi, profitent du beau jardin, roulent en vélo, se défoulent sur la balançoire.
Bachar adore les poules et se charge de les nourrir tous les jours, sous l'oeil bienveillant de Thérèse. "Les enfants sont sages, bien élevés, respectueux", raconte Thérèse, qui est elle-même issue d'une famille nombreuse. Le soir, tout le monde se retrouve autour de la table. "La maman Malika est une cuisinière en or", poursuit Thérèse, "on se régale". La famille Abdou dort à l'étage. La cuisine, la salle à manger et le salon sont des espaces partagés. Thérèse et Patrick ont leur espace privé au rez-de-chaussée.