C’est un rapport de la KULeuven qui le dit : le B117, le variant britannique, sera dominant en Belgique d’ici quelques semaines, un mois selon les experts. Il devrait être à l’origine de la grande majorité des infections au coronavirus fin février, début mars.
Ce rapport est entre les mains du gouvernement fédéral. Mais pour en faire quoi ? Quelles décisions les autorités politiques doivent-elles aujourd’hui prendre ? Pour Emmanuel André, médecin, microbiologiste à l’UZLeuven, à l’origine avec d'autres de ce document, "c’est d’abord un rapport sur ce qui se passe, l’évolution du virus, l’évolution de l’épidémie mais n’est pas un rapport sur ce qu’il faut faire, pour répondre à ce problème."
Invité de Matin Première ce jeudi, il confirme : "Oui, ce qu’on voit c’est qu’après de multiples introductions du variant britannique, celui-ci se répand plus facilement que les autres virus qui sont là parce qu’il est plus transmissible et qu’il remplace petit à petit les autres souches circulantes. On projette, si l’évolution reste ce qu’elle est et sur base de ce qu'il s’est passé dans d’autres pays, que d’ici fin février, début mars, il est probable que la toute grande majorité des souches soient le variant britannique. Ce sera le nouveau virus qui circulera en Belgique."
Au début d’un phénomène comme celui-ci, les projections surestiment la contagiosité
Les experts sont surpris "jusqu’à un certain point", commente Emmanuel André, au sujet de l’évolution du variant britannique. "On a eu l’histoire de l’Angleterre il y a plusieurs mois, on a vu comment cette souche avait pu prendre le dessus sur d’autres, parce qu’elle est plus contagieuse, parce qu’elle se diffuse plus rapidement dans la société que les autres virus".
On parle d’une contagiosité supérieure de 65% : c’est l’estimation haute. "C’est ce que les analyses disent aujourd’hui sur ce qui se passe en Belgique. Mais il faut savoir qu’au début d’un phénomène comme celui-ci, les projections surestiment la contagiosité parce qu’on se focalise très fort sur ce nouveau phénomène. Mais ce qu’on voit dans d’autres pays qui ont eu une trajectoire similaire, c'est qu'on est dans un pourcentage, une capacité d’infection significativement plus importante que les variants qu’on a connus par le passé." Et même si l’estimation de 65% devait diminuer, "celle-ci resterait avantageuse" pour le variant, ajoute Emmanuel André.
C’est un virus qui reste le même
A mesures égales, les contaminations repartiront-elles à la hausse ? Ce n’est pas inéluctable estime l’expert. "C’est un risque qui est réel puisqu’on a un phénomène qui est en train de s’amplifier. En Belgique, on connaît ce phénomène de 'début de phénomène exponentiel'. On sait où ça peut terminer. Par contre, c’est un virus qui reste le même. On peut rompre les chaînes de transmission, on peut faire des choses qui sont entre nos mains, ceux des services de santé publique, de la population… Il ne faut aujourd’hui rentrer dans un changement total de configuration. En faisant chacun un peu plus attention dans chacun de ses gestes, on peut faire beaucoup pour freiner le phénomène."