Un nombre croissant d’étudiants qui assument un job étudiant pour se nourrir au détriment du temps d’étude explique le mauvais taux de réussite aux examens de janvier affirme Emila Hoxhaj, présidente de la Fédérations des étudiants francophones sur Matin Première. Moins d’un examen sur deux a été réussi dans l’enseignement supérieur à la session de janvier (47%), c’est moins qu’avant la crise sanitaire (51% en 2020), selon des chiffres de La Libre Belgique. Le budget de 1,8 milliard annuel refinancé par 80 millions d’euros chaque année et les 100 millions d’euros d’aides à la réussite décidés par la ministre de l’Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny (MR), ne sont pas suffisants à ses yeux.
"Le taux d’échec est affolant, constate Emila Hoxhaj, présidente de la FEF. Mais il faut se demander pourquoi les étudiants ratent autant : les étudiants sont surchargés, il manque de places assises, il pleut dans certains auditoires. A nos yeux, l’enseignement supérieur est sous-financé." La ministre Valérie Glatigny a pourtant décidé d’une enveloppe de 100 millions d’euros a été dégagée pour l’aide à la réussite, un montant qui atteint désormais 105 millions d’euros avec l’indexation. "Oui, mais cette enveloppe est fermée. Le nombre d’étudiants a augmenté de 40% en 20 ans, mais le financement par étudiant a été réduit de 15%. Est-ce qu’on investit vraiment dans la jeunesse ?"
Pour la présidente de la FEF, le problème majeur est la précarité étudiante. "On reçoit des témoignages d’étudiants qui doivent voler dans les magasins pour manger quelque chose. Ce sont des mesures contre ces situations qu’on attend. On ne devrait pas devoir "jobber" et étudier en même temps. Cela diminue nos chances de réussite, cela diminue notre faculté de concentration."
Pour aider directement les étudiants à ce sujet, la FEF a réclamé récemment des repas à 2€ pour tous les étudiants. "Un étudiant sur deux a du mal à se nourrir correctement. Certains vivent avec 100€ par mois. Et effectivement, nous avons demandé des plats à 2€. Cela a été fait à l’ULB dès le début de la crise et on voit que ce n’était pas superflu. La file est très longue tous les jours. Les étudiants en ont besoin. Nous avons demandé une généralisation à la ministre et jusqu’à présent, c’est silence radio."
Ne faut-il pas plutôt cibler les étudiants les plus précaires plutôt que de le proposer à tout le monde ? "Mais ce problème concerne un étudiant sur deux, comment voulez-vous cibler quand ça concerne autant de monde ? On ne parvient déjà pas à cibler correctement dans la réforme des allocations d’étude, on attend cette réforme depuis deux ans, une réforme ambitieuse et elle n’arrive pas. Une année d’étude coûte entre 8000€ et 12.000€ par an, or la bourse est de 1300€ par an en moyenne, ça ne couvre que deux loyers à Bruxelles, c’est clairement insuffisant et en plus on la reçoit en fin d’année. Personnellement, je n’ai toujours pas reçu ma bourse pour cette année scolaire."
20% des étudiants reçoivent une bourse qui peut aller de 400€ par an à 5000€ indexés, en plus du minerval gratuit.