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Elections régionales en Italie : Giorgia Meloni réussit son test

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Par Valérie Labonne

Les bureaux de vote de Lombardie et du Latium, deux régions d'Italie qui devaient élire leurs présidents et gouvernements respectifs, se sont ouverts à 7 heures ce dimanche 12 février et ont fermé ce lundi à 15 heures. Selon les premiers résultats, les deux candidats soutenus par la coalition au pouvoir de Giorgia Meloni sont arrivés en tête. Des résultats qui renforcent l’emprise de la droite sur l’Italie. 

Attilio Fontana, le président sortant de Lombardie, la région de Milan la capitale économique, membre de la Ligue du nord garde sa place et Francesco Rocca, candidat de centre droit, évince l’administration de centre gauche de la région de Rome. Ils ont tous deux fait face à des oppositions divisées et incapables de s’allier pour contrer les forces politiques qui dirigent le pays. Ces deux régions représentent à elles seules un peu plus d’un quart de la population et génèrent un tiers du produit intérieur brut. La droite s’empare ainsi de 15 des 20 régions du pays.

Des rapports de force modifiés dans la coalition

Mais bien au-delà de ces résultats, ce sont les scores de chacun des partis membres de la coalition qui vont être scrutés. Car ils pourraient peser sur les rapports de force entre Fratelli d’Italia, le parti de la présidente du conseil Giorgia Meloni, la Ligue du Nord de Matteo Salvini et Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi. Selon un dernier sondage publié par l’institut Youtrend, le 2 février dernier, ces 2 derniers sont en perte de vitesse face à Fratelli d’Italia qui continue à progresser auprès des électeurs.

Des résultats de bon augure pour la cheffe du gouvernement qui a fêté, il y a quinze jours, ses trois mois à la tête de l’Italie. La candidate du parti d’extrême droite, identitaire et souverainiste, était attendue au tournant. Quel est donc son bilan ?

Quel bilan pour les 3 mois au pouvoir de Giorgia Meloni ?

Pour le moment, il est assez timoré. Alors que ses partenaires européens craignaient une remise en cause de certains droits comme celui de l’accès à l’avortement ou des atteintes à l’état de droit, la première femme élue à diriger le pays ne semble pas encore avoir révélé son vrai visage.

Son programme populiste a été lissé ainsi que son discours. Selon Ludmila Acone, docteure en Histoire italienne à l’Université Paris 1, " Giorgia Meloni tente de gommer ses aspérités et est dans une phase de dédiabolisation. Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’elle va faire ". Pour la chercheuse, la présidente du conseil se concentre pour le moment sur le fait de rassurer la scène internationale et plus particulièrement ses partenaires européens avant de " révéler ses cartes et appliquer, tôt ou tard, son programme ".

Sa préoccupation première, alors que les finances de son pays sont au plus mal, est de récupérer l’argent des fonds européens. Alors qu’elle fait face à l’inflation et à la crise énergétique, les 190 milliards d’euros seraient une bouffée d’oxygène pour l’économie italienne. Mais cet argent ne sera débloqué que si les réformes attendues par Bruxelles sont appliquées.

Pour ce faire, elle n’a rien touché au budget de rigueur lancé par son prédécesseur, Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne et a envoyé à Bruxelles son représentant le plus modéré, son ministre des Affaires étrangères et ancien vice-président de la Commission européenne Antonio Tajani.

Celle qui avait promis de remettre l’Italie au centre de l’Europe pendant sa campagne, en cassant l’hégémonie du couple franco-allemand, a critiqué la visite de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, la semaine dernière à Paris et à Bruxelles. Une visite inopportune qui, selon elle, brise l’unité européenne. Moi ça ne m’intéresse pas de figurer sur une photo que je n’approuve pas. A Paris, il y avait deux présidents européens, il en manquait 25 " a-t-elle déclaré.

Celle qui a toujours apporté son soutien à l’Ukraine, voit pourtant émerger des divisions sur cette question. Silvio Berlusconi, son partenaire de Forza Italia, n’a pas hésité à critiquer ouvertement le président ukrainien rappelant ainsi son amitié avec Vladimir Poutine. Matteo Salvini, de son côté, n’était pas favorable à l’intervention de Volodymyr Zelensky lors du festival de musique de Sanremo, une institution dans le pays.

Elle surfe sur son capital sympathie

Pour le moment, Giorgia Meloni surfe sur son capital sympathie de première femme à ce poste. Elle bénéficie de 46% d’opinions favorables, en face l’opposition reste anesthésiée et tente toujours de se trouver un dealer. Ses difficultés viennent surtout des partenaires de sa coalition qu’elle tente de rassurer. Notamment dans le domaine la lutte contre l’immigration, elle a pris des mesures contre les ONG qui viennent en aide aux migrants pour donner des gages à la Ligue du nord. On se souvient de l’épisode de l’Ocean Viking, ce bateau transportant des personnes secourues tentant la traversée de la Méditerranée et dont l’Italie avait interdit l’entrée sur son territoire.

Celle qui a érigé le pragmatisme en étendard à démontrer sa maîtrise de la communication politique en étant capable de retourner des situations compliquées à son avantage. Pour le moment, elle a réussi à mettre de côté les alertes sur une possible mise à l’écart de son pays ou sur le retour du fascisme. Dans une vidéo publiée le 31 janvier, sur ses réseaux sociaux, pour présenter son bilan des 100 jours elle a indiqué " l’Italie est plus solide que ce qu’on veut vous faire croire " car " l’important c’est de tenir compte de la réalité ".

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