A deux semaines du premier tour, QR l’actu fait le pont sur l’élection présidentielle française. Quelles sont les chances des différents candidats ? Faut-il s’attendre à montée des extrêmes ? Une surprise est-elle possible ou le président français est-il certain de l’emporter ?
Percée de Mélenchon ?
Actuellement, le candidat de la France insoumise arrive en troisième position dans les sondages. Pour Clément Fontan, professeur de sciences politiques à l’UCLouvain, ses chances d’accéder au second tour sont assez faibles :" L’écart est de 6 points avec le deuxième, ce qui n’est pas rien à ce moment-ci de la campagne. A cela s’ajoutent plusieurs éléments : le bloc de gauche est relativement réduit. Il va être difficilement au-delà des 33%. Et au sein de ce bloc, vous avez vraiment des partis politiques qui sont en compétition".
Montée des extrêmes ?
Le Rassemblement national a une grande chance de se retrouver au second tour. Alors est-ce inquiétant ? Pour Clément Fontan, il faut nuancer cette poussée de l’extrême droite :"La société française devient dans son ensemble de plus en plus tolérante. Cependant, les idées d’extrême droite sont banalisées et ont été légitimées par certains partis traditionnels".
Macron, à nouveau président ?
Emmanuel Macron a de forte chance de rempiler pour 5 ans à l’Elysée mais pour Pierre Vercauteren, il sera surtout intéressant de voir de quelle manière il y parviendra :
"N’oublions pas qu’en 2017, il a bénéficié d’un effet surprise. Ici, c’est fort différent. Il y a l’exercice du pouvoir et puis cette campagne va laisser des traces. Quel va être le score de son adversaire ?
En 2017, Marine Le Pen faisait 33%. Imaginons que ce soit encore elle au second tour et qu’elle monte à 45% par exemple, elle obtiendra alors une victoire morale. Dans ce cas-là, les élections législatives vont peser extrêmement lourd. On pourrait voir une cohabitation dès l’entame de la présidence et ce serait une première sous la Ve République".
Mais est-ce que Macron s’en sort avec un bon bilan ? Pour Clément Fontan, il a satisfait et tenu ses promesses à droite mais a déçu à gauche. Bref, il a à la fois convaincu mais aussi déçu son électorat. Pour Pierre Vercauteren, il faut faire attention avec la notion de "convaincant": "Cette notion est très relative. Quand on regardait les promesses de François Hollande en 2012, plus de 60% de son programme avait été réalisé à la fin de son mandat, or il n’a pas été considéré comme un président convaincant".
Quel rôle va jouer l’abstention ?
L’abstention pourrait être particulièrement forte pour cette élection. On annonce qu’un Français sur trois n’irait pas voter. Un record: "Il y a encore une bonne dizaine de jours de campagne et elle s’accélère donc cela pourrait réduire le nombre d’abstentionnistes. Si jamais ce taux reste aussi important, cela va clairement altérer la légitimité du candidat vainqueur au mois de mai".
Pour Clément Fontan, l’abstention, même record, ne fera pas mal au candidat Macron : "L’électorat d’Emmanuel Macron est principalement âgé et aisé. Or, cet électorat vote massivement. Par contre, l’abstention peut être un problème pour des partis protestataires".
Et les verts ?
Les enjeux environnementaux font partie des principales préoccupations des Français explique Pierre Vercauteren même si les verts ne parviennent pas à percer lors des élections présidentielles : "Les écologistes feront vraisemblablement un bon score aux législatives mais ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas d’influence sur ces élections. On voit que les idées des verts colorent les programmes de différents candidats".
Clément Fontan rappelle pour sa part que la personnalité d’un candidat joue un rôle très important pour les élections présidentielles : "Les verts n’ont jamais fait de bons résultats lors des présidentielles. Par contre, ils parviennent à des percées significatives lors des européennes ou régionales. Cela ne veut pas dire pour autant que les thèmes portés par les verts ne comptent pas aux yeux des Français, conclut le professeur de l’UCLouvain.