Pour contrôler le vote, c’est une organisation indépendante des partis politiques turcs, fondée en 2014 pour surveiller le processus électoral avec neutralité, qui signalera les éventuelles irrégularités. Le 14 mai, le vote dans les régions affectées par le séisme, comme la province de Hatay, sera particulièrement scruté par ces observateurs volontaires de 'Oy ve ötesi' (Vote et ensuite). Ils sont plusieurs dizaines de milliers à travers toute la Turquie, des formations leur sont dispensées avant le jour du vote.
"Nous devons donc nous présenter à ces bureaux de votes bien informés et bien préparés. Le nombre de personnes décédées est très élevé et elles n’ont pas toutes été identifiées. Nous pouvons et devons nous assurer que l’identité d’un électeur est bien celle sur sa pièce d’identité, qu’il ne se fait pas passer pour quelqu’un d’autre. Nous devons le vérifier visuellement, car nous n’avons aucune autre possibilité de vérifier cela d’une autre manière. Mais si nous sommes prudents et attentifs nous pouvons éviter ce genre de fraude".
Savez-vous que je suis mort ?
Jusqu’à présent le nombre de disparu est estimé à 2000 personnes. Mais il ne s’agit pas d’un chiffre officiel, car dans de nombreux cas, seules des parties de corps ont été retrouvées. Il est arrivé qu’une personne ait été enterrée à la place d’une autre, sous une mauvaise identité. Comme ce monsieur qui présente son propre acte de décès : "Savez-vous que je suis mort ?"
L’association Oy ve Ötesi vient aussi en aide aux déplacés qui ont quitté leur domicile, plus de deux millions dans toute la Turquie. Certains ont migré vers d’autres villes épargnées, d’autres sont toujours dans des camps de rescapés dans des conditions très précaires et sans communication avec leur mairie. Les informations pratiques manquent. Pour pouvoir voter dans la ville où ils ont immigré, ils doivent avoir officiellement changé leur adresse. Seules 400.000 personnes ont effectué cette démarche selon l’association. Les autres devront donc retourner à leur ancienne adresse dans des villes détruites pour glisser leur bulletin dans l’urne. L’association a lancé une campagne de financement en ligne pour payer des billets de bus aux sinistrés, mais malgré cette solidarité cela reste un vrai défi en termes de transports.
La question est ouverte, les déplacés internes victimes du séisme, pourront-ils faire entendre leur voix le 14 mai prochain ?
► Découvrez dans le podcast ci-dessus, l’entièreté du reportage de l’émission Transversales.