Elections en RDC: la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur le recours de Fayulu

L'opposant Martin Fayulu qui conteste le résultat de la présidentielle de décembre en RDC s'adresse à la presse le 18 janvier 2019 à Kinshasa.

© TONY KARUMBA

Par AFP

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo (RDC) a choisi de défier l'Union africaine (UA) en se prononçant samedi sur le recours de l'opposant Martin Fayulu, qui conteste les résultats provisoires de l'élection présidentielle du 30 décembre.

Baudouin Mwehu, attaché de presse au cabinet du président de la Cour, avait indiqué à l'AFP que la Cour siègerait à 15h00 locales (14h00 GMT). Mais à 18h30, la séance n'avait toujours pas commencé, avocats, journalistes et observateurs divers patientant tranquillement. La décision est tombée dans la nuit de samedi à dimanche : la Cour constitutionnelle a rejeté le recours électoral déposé par Martin Fayulu.

La cour constitutionnelle a décidé de passer outre aux injonctions des poids lourds de l'UA, qui avait appelé jeudi à la "suspension" de la proclamation des résultats définitifs, parce qu'elle considère que ceux annoncés par la Commission électorale (Céni) sont entachés de "doutes sérieux".


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Cette prise de position de l'organisation continentale a été dénoncée par le gouvernement congolais et par les partisans de l'opposant Félix Tshisekedi, déclaré officiellement vainqueur, comme une atteinte à la souveraineté de la RDC.

Selon les résultats provisoires proclamés le 10 janvier par la Commission, Félix Tshisekedi a devancé avec 38,5% des voix l'autre opposant Martin Fayulu (34,8%), très loin devant le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary (23%).

Si ces résultats sont validés par la Cour constitutionnelle, Félix Tshisekedi, fils de l'opposant historique Etienne Tshisekedi, devrait donc succéder à Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001.

Le calendrier de la Céni prévoit normalement qu'il prête serment le 22 janvier, mais il n'est pas sûr du tout qu'il puisse être tenu.

"Putsch électoral"

Martin Fayulu a dénoncé un "putsch électoral" du président sortant avec la "complicité" de Félix Tshisekedi et revendiqué la victoire avec 61% des voix. Il a déposé le 11 janvier un recours devant la Cour constitutionnelle.

En exposant mardi ses arguments devant la plus haute juridiction du pays, Me Toussaint Ekombe, l'avocat de Martin Fayulu, l'avait appelée à "annuler les résultats provisoires" et à ordonner un "recomptage des voix".

Martin Fayulu a entretemps été conforté dans ses affirmations par la publication dans la presse internationale des propres estimations de l'influente Église catholique et de celles du Groupe des experts sur le Congo (GEC) de l'université de New York, sur la base de documents qui auraient fuité de la Céni, qui le donnent toutes vainqueur avec environ 60% des voix.

Il a reçu une autre bonne nouvelle avec l'annonce par l'UA de l'envoi lundi à Kinshasa d'une délégation de haut niveau conduite par le président de sa Commission, le Tchadien Moussa Faki, et son président en exercice, le chef de l'État rwandais Paul Kagame.

La Cour pourrait valider la victoire de Félix Tshisekedi ou simplement annuler l'élection, ce qui permettrait à Joseph Kabila de rester au pouvoir jusqu'à un nouveau scrutin. L'option d'un recomptage semble la moins probable.

Juges acquis à Kabila

Les neuf juges de la Cour constitutionnelle sont largement considérés comme acquis à Joseph Kabila. Plusieurs sont ses anciens alliés politiques, comme son ex-conseiller juridique Norbert Nkulu Kilombo. Le président de la Cour, Benoît Luamba Bindu, est aussi l'un de ses proches.

Le camp Fayulu ne se fait pas d'illusion sur impartialité du tribunal mais rêve, sans trop y croire, d'un scénario kényan. En 2017, la Cour suprême kényane avait invalidé le résultat de la présidentielle, une première en Afrique.

Si Félix Tshisekedi est confirmé vainqueur, il devra cohabiter avec le camp présidentiel, qui a obtenu 337 sièges sur 500 à l'Assemblée nationale élue en même temps que le chef de l'Etat, selon les résultats de la Céni, et sera donc chargé de désigner le Premier ministre.

Félix Tshisekedi et Martin Fayulu s'accordent tous les deux à voir dans les résultats des législatives, incompatibles pour eux avec ceux de la présidentielle, une manipulation de la Céni.

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