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Élections en Italie : le climat, grand absent des débats politiques

Plus que quelques jours avant les élections législatives italiennes. Si le coût de l’énergie est au cœur des préoccupations, le climat, par contre, est le grand absent des débats politiques. Pourtant, l’Italie vient de vivre une sècheresse record. Une situation particulièrement critique sur le Pô, le plus grand fleuve d’Italie, situé dans le nord du pays.

Un fleuve crucial

Fin septembre, le niveau du Pô est remonté grâce aux pluies récentes, mais il est toujours en dessous de la normale.
Fin septembre, le niveau du Pô est remonté grâce aux pluies récentes, mais il est toujours en dessous de la normale. © Juliette Pitisci

C’est un fleuve qui alimente plus d’un tiers des productions agricoles italiennes. Ce n’est pas tout : le bassin du Pô produit l’équivalent de 60% du PIB. Seulement voilà : cet été, le Pô a atteint un niveau historiquement bas.

Alberto Montanari, professeur d’hydrologie et de construction hydrologique à l’Université de Bologne.

"C’est du jamais vu depuis le début des mesures en 1917", nous explique Alberto Montanari, professeur d’hydrologie et de construction hydrologique à l’Université de Bologne. "C’est une sécheresse exceptionnelle qui est toujours en cours. Ce qui nous préoccupe, c’est sa durée. En 1944, un épisode de sécheresse a duré dix ans. Si cet épisode-ci perdure jusqu’en 2030 par exemple, les réserves souterraines d’eau seront épuisées."

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Des cultures menacées

Dans les champs qui entourent le Pô, il n’a pas plu pendant plusieurs mois.
Dans les champs qui entourent le Pô, il n’a pas plu pendant plusieurs mois. © Juliette Pitisci

Il n’a pas plu pendant plusieurs mois et les conséquences sont bien visibles dans les champs de Claudia Guidi, productrice de soja, maïs, blé, fruits et noix. "Il y a des champs qu’on a décidé d’abandonner, par manque d’eau. On a choisi les champs qu’on continuait d’arroser", dit-elle face à ses cultures. Cela fait 4 générations que sa famille cultive ces terres. "En 4 générations, on n’a jamais vécu une situation pareille. Ici, on est proche de la mer Adriatique. A cause du niveau particulièrement bas du Pô, l’eau salée de la mer s’est infiltrée dans les terres et les champs sur 40 kilomètres cet été. Le sel, c’est très mauvais pour la fertilité des sols. Donc le peu d’eau dont on disposait était inutilisable pour arroser nos terres."

Claudia ne peut que constater les conséquences de la sécheresse sur ses plantations de soja.
Claudia ne peut que constater les conséquences de la sécheresse sur ses plantations de soja. © Juliette Pitisci
Claudia Guidi, productrice de soja, maïs, blé, fruits et noix.

Le changement climatique et le spectre de sécheresses à répétition à l’avenir sont une crainte réelle pour les producteurs du coin. "On s’adapte. On ne va peut-être plus produire de maïs, puisque ça demande beaucoup d’eau. C’est pour ça que j’ai commencé à cultiver le soja il y a quelques années, mais même ça, ça devient difficile. Dimanche, pour les élections, je pense que les agriculteurs se dirigeront en masse vers des partis qui, au minimum, n’ignorent pas la question environnementale. Pendant tant d’années, nous avons ignoré le changement climatique mais aujourd’hui, ce n’est plus possible."

Greenwashing à l'italienne

Pendant ce temps, nous les jeunes, on souffre d’éco-anxiété. On ne se sent pas entendus par les politiciens.

Même s’il n’est pas au centre des débats politiques de cette campagne, le climat fait bel et bien partie des programmes des partis qui se présentent aux élections.

Emma Pagnini, étudiante et militante de Fridays For Future.

"Mais c’est surtout du greenwashing", commente Emma Pagnini, étudiante et militante de Fridays For Future. "L’intention n’est pas d’investir dans une transition écologique réelle basée sur l’énergie renouvelable, mais de se focaliser sur les énergies fossiles. En ce moment, à cause de la crise du gaz, on rouvre des centrales à charbon, on veut construire des centrales nucléaires, des terminaux de regazéification. Ce sont des actions qui ne vont pas dans le sens de ce que l’Europe nous demande. Pendant ce temps, nous les jeunes, on souffre d’éco-anxiété. On ne se sent pas entendus par les politiciens."

Quelle que soit l’issue des élections, l’Italie devra investir massivement pour faire face au changement climatique si elle veut toucher les sommes colossales promises par l’Europe. Sur l’enveloppe de 191 milliards d’euros, 37% sont destinés aux objectifs climatiques.

Sur le même thème : JT du 19/09/2022

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