Présidentielle en France

Election présidentielle en France : pour qui les Français de Belgique vont-ils voter ?

Les Français de Belgique votent dans 11 villes du pays, dont Bruxelles où 45 bureaux de vote sont installés au Heysel.

© RTBF – T.D. QUACH

Environ 200.000 citoyens français vivent en Belgique. Le vote n’étant pas obligatoire en France, tous ne voteront pas aujourd’hui. Pour voter, il faut être inscrit au préalable sur la liste électorale du consulat. C'est le cas d'environ un Français sur deux vivant en Belgique, soit 105.000 personnes.   Ce n'est qu'à la fermeture des bureaux de vote qu'on saura combien, parmi ces 105.000 personnes se seront rendus dans l'isoloir, une fois le taux de participation connu.  Les Français peuvent voter en personne ou par procuration.  Plusieurs bureaux de vote ont été installés en Belgique, dont un au Heysel.

Des bureaux dans 11 villes

Ce dimanche 10 avril, pour les Français de Belgique, c’est aussi jour d’élection. Ils sont quasi 200.000 à vivre dans le Royaume de Belgique, mais on estime que seulement un quart de ces Français choisira de voter.  Pour leur permettre d’exercer leur droit de vote, les autorités françaises ont installé plusieurs bureaux de vote dans 11 villes du pays : Bruxelles, Waterloo, Charleroi, Mons, Tournai, Mouscron, Liège, Namur, Arlon, Anvers et Gand. 85 bureaux de vote sont répartis dans ces 11 villes, dont 45 rien qu’au Heysel.

La Belgique est l’un des pays où l’on compte le plus d’expatriés français. "La Belgique est le 2e pays, après la Suisse, qui compte le plus de bureaux au niveau mondial", explique Bruno Jean-Etienne, le vice-président de l’ASBL Association des Français de l’Etranger (ADFE).

Ce dimanche matin, devant le Palais 1 du Heysel, les électeurs faisaient la file pour entrer dans leur bureau de vote, forcément motivés, puisqu'ils ont choisi de prendre part au scrutin.

"C'est un jour important pour la France, je suis né en Belgique et j'ai un père français", explique un jeune homme. "Il y a quand même une responsabilité à donner son vote pour changer un peu ce qui se passe en ce moment", poursuit-il.    "C'est un devoir avant tout et vu ce qui se présente, il faut faire le bon choix pour éviter le pire", estime une électrice.   "J'ai très peur parce que beaucoup de gens votent sur base de slogans et s'imaginent que demain on va raser gratis. Donc, j'ai très peur de ce qui va se passer", avance une autre électrice inquiète. 

En Belgique comme en France, les bureaux de vote fermeront à 19h00.  Ce sera alors le moment de dépouiller les bulletins de vote, en comptant sur la participation des citoyens électeurs.  "Les soirs d'élection, pour dépouiller, on fait appel aux électeurs qui le souhaitent, de revenir à la fermeture des bureaux de vote pour assurer le dépouillement", explique Anne Monier, Présidente du bureau de vote N°16 au Heysel. 

A Bruxelles, c'est au Heysel que les Français de Belgique peuvent voter, ce dimanche.
A Bruxelles, c'est au Heysel que les Français de Belgique peuvent voter, ce dimanche. © RTBF - F. Van Eeckaut

Les Français de Belgique sont plutôt "pro Macron"

Avant de voter – en personne ou par procuration -, ces électeurs auront dû s’inscrire sur la liste électorale du consulat. "Par rapport à 2017, il y a environ 5000 inscrits supplémentaires alors que le nombre de Français établis ici reste plutôt stable, voire en légère hausse. Les gens ont toujours tendance à mettre à jour ce genre de formalités juste avant les élections", poursuit Bruno Jean-Etienne.

Une fois sur cette liste électorale, les Français de Belgique ont pu recevoir les messages de campagne des différents candidats. Certaines années, les candidats à la présidentielle se déplacent en personne en Belgique pour faire campagne. En 2017, le socialiste Benoît Hamon avait rempli la salle de la Madeleine, à Bruxelles. Cette année, aucun ténor n’a fait le déplacement en Belgique. . Quelques seconds couteaux sont venus, accompagnés des représentants des Français de l’étranger.

Pour le reste, c’est essentiellement par l’envoi de mail que les partis ont tenté de convaincre des électeurs plutôt favorables au président actuel. "Globalement, les Français de l’étranger, et notamment ceux de Belgique, sont éloignés des extrêmes, même si ce vote a tendance à augmenter, notamment le long de la frontière", remarque Bruno Jean-Etienne, de l’Association des Français de l’Etranger. Globalement, les Français de Belgique "sont de tendance libérale, progressistes et surtout très pro-européens : certains travaillent à la Commission ou dans les institutions européennes et tous bénéficient de toute façon du droit européen dans leur vie de tous les jours. Cela joue évidemment en faveur d’Emmanuel Macron", analyse encore Bruno Jean-Etienne.

En 2017, les Français de Belgique étaient un peu plus de 46.500 à avoir déposé leur bulletin dans l’urne, soit un taux de participation de 56%, l’un des plus élevés pour les Français de l’étranger. Le candidat Macron était arrivé largement en tête du dépouillement, avec 35,5% des voix, devant François Fillon (22,5%), Jean-Luc Mélenchon (20,4%) et le socialiste Benoît Hamon (9,5%). Marine Le Pen n’était arrivée qu’en 5e position, avec 7,3% des voix. Deux semaines plus tard, les Français de Belgique avaient à nouveau largement plébiscité le candidat de La République en Marche, lui accordant plus de 88,5% des suffrages face à la candidate d’extrême droite, alors qu’en France, Emmanuel Macron avait certes battu Marine Le Pen mais sur un score plus serré (66%-34%).

"Macron a toujours eu une politique très sociale-démocrate. Il place l’Europe, l’industriel, la relance avant la redistribution, ce qui n’est quand même pas le courant majoritaire à gauche" mais qui peut séduire les Français de l’étranger, qu’ils vivent en Belgique ou ailleurs, confirme de son côté Christophe Sente, du Centre d’étude de la vie politique de l’ULB.

Le président sortant fera-t-il aussi bien qu’il y a cinq ans auprès de ces électeurs particuliers, après un quinquennat marqué par la crise des gilets jaunes et celle du Covid mais aussi par la déliquescence des partis traditionnels, de gauche comme de droite ?

Dans deux semaines, ces Français de Belgique retrouveront les mêmes bureaux de vote pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.

 

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