Avant de voter – en personne ou par procuration -, ces électeurs auront dû s’inscrire sur la liste électorale du consulat. "Par rapport à 2017, il y a environ 5000 inscrits supplémentaires alors que le nombre de Français établis ici reste plutôt stable, voire en légère hausse. Les gens ont toujours tendance à mettre à jour ce genre de formalités juste avant les élections", poursuit Bruno Jean-Etienne.
Une fois sur cette liste électorale, les Français de Belgique ont pu recevoir les messages de campagne des différents candidats. Certaines années, les candidats à la présidentielle se déplacent en personne en Belgique pour faire campagne. En 2017, le socialiste Benoît Hamon avait rempli la salle de la Madeleine, à Bruxelles. Cette année, aucun ténor n’a fait le déplacement en Belgique. . Quelques seconds couteaux sont venus, accompagnés des représentants des Français de l’étranger.
Pour le reste, c’est essentiellement par l’envoi de mail que les partis ont tenté de convaincre des électeurs plutôt favorables au président actuel. "Globalement, les Français de l’étranger, et notamment ceux de Belgique, sont éloignés des extrêmes, même si ce vote a tendance à augmenter, notamment le long de la frontière", remarque Bruno Jean-Etienne, de l’Association des Français de l’Etranger. Globalement, les Français de Belgique "sont de tendance libérale, progressistes et surtout très pro-européens : certains travaillent à la Commission ou dans les institutions européennes et tous bénéficient de toute façon du droit européen dans leur vie de tous les jours. Cela joue évidemment en faveur d’Emmanuel Macron", analyse encore Bruno Jean-Etienne.
En 2017, les Français de Belgique étaient un peu plus de 46.500 à avoir déposé leur bulletin dans l’urne, soit un taux de participation de 56%, l’un des plus élevés pour les Français de l’étranger. Le candidat Macron était arrivé largement en tête du dépouillement, avec 35,5% des voix, devant François Fillon (22,5%), Jean-Luc Mélenchon (20,4%) et le socialiste Benoît Hamon (9,5%). Marine Le Pen n’était arrivée qu’en 5e position, avec 7,3% des voix. Deux semaines plus tard, les Français de Belgique avaient à nouveau largement plébiscité le candidat de La République en Marche, lui accordant plus de 88,5% des suffrages face à la candidate d’extrême droite, alors qu’en France, Emmanuel Macron avait certes battu Marine Le Pen mais sur un score plus serré (66%-34%).
"Macron a toujours eu une politique très sociale-démocrate. Il place l’Europe, l’industriel, la relance avant la redistribution, ce qui n’est quand même pas le courant majoritaire à gauche" mais qui peut séduire les Français de l’étranger, qu’ils vivent en Belgique ou ailleurs, confirme de son côté Christophe Sente, du Centre d’étude de la vie politique de l’ULB.
Le président sortant fera-t-il aussi bien qu’il y a cinq ans auprès de ces électeurs particuliers, après un quinquennat marqué par la crise des gilets jaunes et celle du Covid mais aussi par la déliquescence des partis traditionnels, de gauche comme de droite ?
Dans deux semaines, ces Français de Belgique retrouveront les mêmes bureaux de vote pour le deuxième tour de l’élection présidentielle.