Ses complices le connaissaient comme "El Pres", à savoir "Le Président". Jos L., de son vrai nom, adoptait ce pseudonyme pour converser via les téléphones SKY ECC, jusqu’à ce que le réseau de communication crypté entre criminels soit démantelé par la police en mars 2021. Pour organiser le large volet belge de son trafic international de cocaïne, "El Pres" donnait notamment consignes à "Tito", pseudonyme SKY ECC du liégeois D.L., arrêté lors d’une opération de la police judiciaire fédérale de Liège le 18 octobre dernier.
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"El Pres" et "Tito", mêlant leurs connexions en Amérique du Sud, avec des clans mafieux albanais et dans le milieu criminel liégeois, avaient implanté dans le Condroz et en Ardenne un réseau de transformation, de stockage et de redistribution de cocaïne. L’analyse de leurs échanges cryptés a permis aux forces de l’ordre de refermer en octobre un robinet qui faisait s’écouler plusieurs tonnes de drogue par an.
Most Wanted
Dans le monde sous-terrain, le néerlandais Jos L. alias "El Pres" s’est plutôt taillé une réputation sous le surnom "Bolle Jos" ou "Josje Breda". Du côté des autorités belges et néerlandaises, on lui a désormais aussi collé l’étiquette "most wanted". Activement recherché, Jos L. fait l’objet d’un mandat d’arrêt et d’un signalement international. Des membres des services de sécurité le décrivent à la RTBF comme "extrêmement dangereux". Certains le considèrent comme un des grands patrons du marché de la cocaïne en Europe, peut-être même l’actuel numéro 1 aux Pays-Bas et en Belgique.
Le trentenaire semble avoir fait fortune à très grande vitesse, avec des contacts en Amérique du Sud (au Brésil notamment) et une emprise très forte sur le trafic au port d’Anvers.
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Durant des années, sa base de repli préférée aurait été Dubaï, où se cachent plusieurs "high-value targets", cibles de grande valeur pour les policiers qui luttent contre le trafic de cocaïne et le blanchiment de l’argent du crime. Mais quelques arrestations retentissantes comme celle du "baron" Ridouan Taghi, ainsi que la négociation de traités d’extradition engageant les Émirats arabes à renvoyer les fugitifs vers les Pays-Bas et la Belgique ont poussé des narcotrafiquants au voyage. Aujourd’hui, "Bolle Jos" s’est probablement replié vers la Turquie, à l’image de plusieurs de ses confrères du crime attirés par des conditions rendant boiteuse la coopération judiciaire entre la Turquie et les états européens. Jos L. semble en tout cas être passé maître dans les techniques de dissimulation, ce qui lui aurait plusieurs fois permis de se jouer des contrôles aux frontières. "Il est pour l’instant en Turquie", se risque sur le ton de l’affirmation une source sécuritaire belge contactée par la RTBF.
Son nom est cité dans des dossiers de trafic de cocaïne et de liquidations
Jos L. n’a jamais été condamné. Par la voix de son avocat, il a réagi récemment dans les colonnes du quotidien De Telegraaf pour souligner qu’il ne se reconnaissait pas dans les portraits le dépeignant comme un criminel, considérant que "les messages (SKY ECC, ndlr) qui lui seraient attribués donnent une image trop unilatérale et tout à fait incomplète".